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1944: la France Libre invente l'indignité nationale et rejette la déchéance

Que faire des Français coupables de faits graves de collaboration? Utiliser la déchéance nationale, comme Vichy l'a fait? Le Gouvernement Provisoire invente finalement l'indignité nationale.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour en décembre 1947, le procès de Xavier Vallat, qui a dirigé le Commissariat aux questions juives entre 1941 et 1942, s’achève.

Le grand chroniqueur judiciaire Frédéric Potecher livre le verdict de ce procès :

 

"Eh bien hier soir, après deux heures trois quarts de délibération, les jurés parlementaires de la Haute Cour ont condamné Xavier Vallat à dix ans d'emprisonnement et à l'indignité nationale. Verdict modéré malgré la pression des jurés communiste. Xavier Vallat n'a pu retenir un "Merci messieurs, merci", à l'adresse de ses juges. Il n'a pas pu s'empêcher d'embrasser ses défenseurs."

Si Vallat est heureux de ce verdict, c’est bien sûr parce qu’il a évité la mort. Les 10 ans de prison se transformeront en deux ans. L’indignité nationale le prive de ses droits civiques, de la fonction publique, de ses décorations ou encore de la direction d’entreprises…

Ils seront environ 100.000 ces Français à subir cette indignité nationale, pour fait de collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est une nouveauté juridique créé par décret en décembre 1944. Dès la libération de Paris, le 26 aout 1944, Marcel Willard, secrétaire général à la Justice au sein du Gouvernement Provisoire fixe les règles juridiques de l’épuration:

 

Dignité des uns, indignité des autres. La déchéance de la nationalité française massivement utilisée par Vichy à l’encontre notamment de 7.000 Juifs mais aussi de dissidents gaullistes dont le général lui-même, n’est pas envisagée par le Gouvernement provisoire, essentiellement pour ne pas créer des dizaines de milliers d’apatrides.

Mais sur le fond, la philosophie reste la même : sortir du corps national ceux qui l’ont trahie. Et présenter ainsi une France éternellement fidèle à ses valeurs, sans avoir à s’interroger sur les racines d’un mal bel et bien né dans la République française.  

 

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