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Sarah Frikh, la lanceuse d'alerte pour les femmes SDF

Présidente de l'association "Réchauffons nos SDF", Sarah Frikh a lancé une pétition pour réclamer des centres d'hébergement pour les femmes et les enfants SDF. Maraudeuse depuis treize ans, elle consacre chacune de ses journées au sort des sans-abri.

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sarah Frikh, lanceuse d'alerte pour les femmes et les enfants SDF. (MANON MELLA / FRANCEINFO)

Maraudeuse depuis plus de dix ans, Sarah Frikh consacre son temps aux laissés-pour-compte de la société française, les personnes sans-abri. Leur nombre ne cesse d’augmenter et la crise sanitaire a empiré la situation, selon le dernier rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement en France

Sarah Frikh se présente comme une lanceuse d’alerte pour les femmes et les enfants SDF. À 41 ans, elle a lancé plusieurs projets pour aider les personnes à la rue. "Réchauffons nos SDF", un mouvement citoyen qu’elle a lancé il y a treize ans, regroupe des personnes qui souhaitent aider les personnes sans domicile sur le terrain. Ce mouvement est devenu une association il y a quelques mois. Sarah a aussi écrit et co-écrit des livres pour raconter les histoires de celles et ceux qui vivent dehors. Et puis il y a cette pétition que Sarah a lancée en 2017.

Je demande des centres d'accueil pour les femmes et gérés par des femmes. Beaucoup de femmes SDF ont été violentées, violées...donc pour elles, un homme c’est une source de peur.

Sarah Frikh

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A travers ces projets, Sarah Frikh fédère autour d’elle une communauté de plusieurs centaines de personnes, principalement en Ile-de-France. Sur les réseaux sociaux, elle est à l’affût. Dès que quelqu’un lui signale la présence d’un sans-abri dans la rue, elle lance un appel à sa communauté, active ses différents réseaux (associations, propriétaires, psychologues) et c'est toute une chaîne de solidarité qui se met en route avec pour objectif une mise à l’abri temporaire. 

Sarah s’occupe des sans-domicile depuis treize ans, et pourtant ce n’est que depuis peu qu’elle a découvert les conditions de vie des femmes SDF.

J’ai découvert qu’il y avait des accouchements qui se produisaient sous terre, sans aucun moyens médicaux. J’ai découvert qu’il y avait des enfants qui naissaient dans des parkings...

Sarah Frikh

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D’après les derniers chiffres de l’Insee qui datent de 2012, 38% des sans-abri sont des femmes mais aucune étude officielle n’a été faite sur les agressions dont elles sont victimes. Des associations avancent cependant qu’une femme SDF subit une agression sexuelle toutes les huit heures en France. En plus, ces femmes sont beaucoup moins visibles, donc beaucoup plus isolées, explique Sarah Frikh.

Avec l'aide de Sarah et d'autres associations, la mairie de Paris a créé la Cité Des Dames et a ouvert un espace réservé aux femmes SDF au sein de l'Hôtel de Ville. La mairie de Levallois Perret a aussi créé un pôle pour femmes. Avec "Réchauffons nos SDF", Sarah a permis d’aider plusieurs centaines de SDF à se stabiliser. Mais trois ans après le lancement de sa pétition, un silence la gêne tout particulièrement.

Il manque une vraie prise de conscience du gouvernement, un vrai programme. J'avais adressé la pétition à Marlène Schiappa mais elle ne m’a jamais répondu.

Sarah Frikh

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Lundi 1er février, le  gouvernement a annoncé que la trêve hivernale serait prolongée jusqu’au 1er juin au lieu du 31 mars, pour mettre sur pause les expulsions locatives. Un report qui ne fait que différer "le déclenchement de la bombe à retardement", disent les associations qui réclament, dans le monde d’après, des solutions durables pour les mal-logés.

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