Guerre entre Israël et le Hamas : Gaza en miettes

Il est un peu plus de 15 heures à New York, vendredi 8 décembre, quand les Etats-Unis opposent leur veto à une résolution réclamant un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" dans la bande de Gaza. La France et la Russie ont voté pour avec 10 autres pays car il y a urgence à Gaza : plus de 18 000 morts selon le ministère de la Santé local, officiellement sous contrôle du Hamas. Pour Nicolas de Rivière, ambassadeur de France aux Nations Unies, "alors que la crise à Gaza s'aggrave et qu'elle menace de s'étendre, le Conseil ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte."

DIRECT. Guerre entre Israël et le Hamas : l'armée israélienne a lancé un assaut contre un hôpital de Gaza, accuse le ministère de la Santé du mouvement islamiste (francetvinfo.fr)

Dans le territoire palestinien, des milliers de bâtiments sont en miettes. Même les sites historiques sont touchés. À force de séjours à Gaza, j'ai découvert la richesse du patrimoine là-bas notamment Saint Hilarion, un fabuleux site byzantin, plus ancien monastère au Proche-Orient. Je me souviens aussi de ces archéologues passionnés, des locaux ou des étrangers, occupés à préserver et à restaurer ces joyaux. Aujourd'hui, des mosquées, le dernier hammam turc et la plus ancienne église de Gaza sont gravement endommagés. René Elter, archéologue pour Première Urgence Internationale, présent à Gaza au début de la guerre avant d'être évacué, rappelle combien ces sites sont précieux : "Le patrimoine archéologique de Gaza est très, très, important, il se développe sur l'ensemble du territoire de la bande de Gaza et on a une chronologie historique qui s'étale sur 6000 ans. Je reste au maxiumum en contact avec les gens de mon équipe qui se trouvent sous les bombes. Je ne sais pas comment ils font pour tenir."

Près de 97% des Gazaouis n'ont pas assez de nourriture

À Gaza, les humains souffrent. Pour Youssef, réalisateur déplacé dans le sud de Gaza joint par Alice Froussard, la priorité est de trouver de quoi se nourrir avec ses deux enfants et sa femme : "C'est très dur de trouver quoi que ce soit au marché, à cause du nombre de personnes qui sont arrivés à Rafah.Tout est rare, tout est presque impossible à trouver. Donc à partir de maintenant, nous ne vivons qu'avec ce que nous trouvons." Certains frappent aux portes pour trouver quelques vivres mais il n'y a que des poivrons, du pain ou quelques agrumes récupérés des arbres. Dans les supermarchés, on ne trouve plus de farine, d'oeufs ou de biscuits et les prix des aliments ont grimpé exponentiellement. D'après le dernier rapport du Programme Alimentaire Mondial, neuf Palestiniens de Gaza sur 10 sont restés toute une journée et une nuit sans rien manger et 97% des habitants n'ont pas assez de nourriture. 

Je dis aux terroristes du Hamas : c'est la fin. Rendez-vous. Maintenant !

Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien

En Israël, les médias montrent les images des destructions à Gaza mais assez peu les civils totalement livrés à eux-mêmes et dans le dénuement. En revanche, sur toutes les grandes chaînes de télé on a vu ces hommes gazaouis, torse nu à genoux, alignés sous bonne surveillance de soldats israéliens, après avoir rendu leurs armes. Selon Yediot Aharonot, après vérification par les renseignements militaires à Gaza, 50 à 70% ne sont pas des terroristes et ont été remis en liberté. Peu importe, la guerre de communication s'intensifie et Benyamin Netanyahou, Premier ministre d'Israël, s'adresse aux Gazaouis : "La guerre se poursuit mais c'est le début de la fin du Hamas. Je dis aux terroristes du Hamas : c'est la fin. Ne mourez pas pour [le chef du mouvement à Gaza, Yahya] Sinouar. Rendez-vous. Maintenant !"

Pour Thibault Lefevre, correspondant de Radio France à Jérusalem "L'armée israélienne est configurée pour des conflits courts à intensité forte. Ce n'est pas une armée qui se déploie sur le temps long comme les armées russe ou ukrainiennes engagées dans une guerre de position. Plus de 350 000 réservistes sont mobilisés; c'est considérable à échelle de la population de 9 millions d'habitants. Ca coûte très cher économiquement car ce sont des hommes et des femmes qui ne travaillent pas dans les entreprises. Israël ne peut pas tenir très longtemps un conflit d'une telle intensité. Anthony Blinken aurait donné encore quelques semaines à Israël pour terminer cette offensive. Israël va très vite et très fort comme s'il y avait une échéance avant laquelle il faut accomplir certains buts de guerre."