Pravin, 17 ans : "La politique, on verra plus tard"

Direction Drancy en Seine-Saint-Denis pour rencontrer Pravin, lycéen de 17 ans. Dans ce département, où 40% de la population a moins de 30 ans, l'abstention compte à chaque scrutin parmi les plus élevées du pays. Les jeunes qui habitent dans des quartiers populaires et des zones rurales sont ceux qui votent le moins, car la marginalisation géographique est aussi souvent sociale et politique. 

Des associations tentent de favoriser l’insertion sociale et professionnelle de ces jeunes en les aidant d'abord à accéder à un emploi. C’est ce que fait "Sport dans la Ville" par le biais du sport. Le principe ? Un stade ouvert à tous dans plusieurs régions avec un éducateur sportif et un conseiller en emploi présents sur chaque stade. Pravin se rend sur l’un de ces stades, à Drancy, plusieurs fois par semaine.

"Drancy, c'est la ville où j'ai grandi, j'y suis attaché"

"Je viens ici pour jouer au foot avec mes amis. On s'amuse. On se pose tout le temps ici sur le terrain", dit Pravin, qui grâce à l'association, a pu aller à Clairefontaine, le centre d'entraînement de l'Equipe de France de football. "On peut même avoir des billets pour aller voir les matchs de l'Equipe de France", se réjouit le lycéen. 

C'est en jouant au foot, sur un stade "Sport dans la Ville", que Pravin a aussi découvert leur programme d'insertion professionnelle "Job dans la Ville". Pravin a pu ainsi découvrir plusieurs métiers comme agent RATP, livreur Chronopost et des métiers du marketing. "Ca me permet de m'orienter un peu parce que je n'ai jamais vu tout ça donc j'ai envie de découvrir", explique Pravin. L'association a aussi permis à Pravin de décrocher plus facilement un stage en l'aidant à rédiger un CV et une lettre de motivation. "La patronne m'a directement embauchée ! C'est un bonus pour moi !"

Même si la Seine-Saint-Denis figure parmi les dix départements dont le taux de chômage est le plus élevé de France, Pravin n'envisage pas pour l'instant de quitter Drancy. "C'est la ville où j'ai grandi. J'y suis attaché. Je ne peux pas quitter cette ville comme ça", confie-t-il.

"J'aime pas trop la politique, ça ne me donne pas envie"

Pravin se sent éloigné et pas vraiment concerné par la politique. "J'aime pas trop la politique, ça ne me donne pas envie", lance-t-il alors qu'il aura 18 ans dans quelques mois. "Je ne suis pas dans les trucs comme ça moi. On verra plus tard... Là, j'ai 17 ans, je suis encore mineur, il faut profiter d'abord, profiter au max", conclut-il. 

Les jeunes des milieux populaires ne sont pas les seuls à se sentir en marge de la politique. En 2017, le taux d'abstention général était de 22% au premier tour de l’élection présidentielle. Au second tour, l'abstention s'élevait à 34 % chez les 18-24 ans et à 40 % chez les 25-34 ans, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria. Ainsi, les jeunes de 18-24 ans se sont, en grand majorité, tourné vers Jean- Luc Mélenchon (30%). La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, arrive juste derrière avec près de 21% des voix.