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Daniela, 25 ans : "Quand on est Martiniquais on a une relation un peu compliquée avec la France hexagonale"

Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-28 ans. Jeudi 28 octobre, rencontre avec Daniela, 25 ans qui a grandi en Martinique.  

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Daniela, 25 ans, est née au Portugal, a grandi en Martinique où elle a été naturalisée française et vit maintenant à Paris. (MANON MELLA / FRANCEINFO)

Daniela a 25 ans. Elle est née au Portugal, ses parents sont Africains et c’est en Outre-mer qu’elle a grandi, en Martinique, à plus de 6 000 kilomètres de la France hexagonale. Naturalisée française, Daniela vit à Paris où elle vient de terminer des études de sciences politiques. Elle nous parle de la façon dont s’est construite son identité et de son rapport à la politique.

"J'aime bien me définir comme une enfant de l'Atlantique", dit Dianiela qui a "toujours grandi dans ce triangle entre l'Europe, la Caraïbe et l'Afrique". En Martinique, elle se souvient que ses camarades l'appelaient "la Portugaise" mais dit ne s'être "jamais sentie isolée à cause de ça", notamment parce que "la Caraïbe ça a toujours été un énorme carrefour de cultures", explique Daniela qui raconte s'être "intégrée à la vie martiniquaise assez facilement".

Daniela a quitté la Martinique pour aller faire des études de sciences politiques en France hexagonale. "En Martinique il n'y a pas d'IEP" (Institut d'études politiques), lance-t-elle. Daniela est d'abord arrivée à Reims où elle a passé deux années. "J'ai eu le choc culturel que tous les Martiniquais qui sont partis faire leurs études dans l'Hexagone connaissent", se souvient-elle.

"En Martinique, si tu veux faire des grandes études il faut partir."

Daniela, 25 ans

Pour Daniela, être française "c'est une mosaïque de cultures qui sont reliées par une longue histoire de migrations, de colonisations, de souffrances et de douleurs. La France c'est cette richesse culturelle-là". 

"Quand on est Martiniquais on a une relation un peu compliquée avec la France hexagonale", selon Daniela, avec "cette idée que la France, de l'autre côté de l'océan, ça ne nous regarde pas vraiment. On ne comprend pas trop ce qu'il se passe mais en même temps on suit ce qu'il se passe à la télévision. Ça semblait tellement éloigné", se souvient-elle. Si pendant son adolescence, Daniela se définissait comme "Martiniquaise", le fait d'avoir déménagé en France hexagonale a changé son rapport à "la France" et à sa propre identité. 

"Le discours politique qui me parle ne vient pas forcément des politiques actuels"

Politiquement, Daniela confie que le discours politique qui lui parle "ne vient pas forcément des politiques actuels" mais plutôt des "sphères activistes, généralement des personnes racisées et queers", détaille-t-elle. Se sentant "naturellement affiliée à gauche", Daniela regrette "qu'en ce moment, la gauche soit un peu inexistante", selon elle. En 2022, Daniela assure qu'elle votera à gauche au premier tour mais sans savoir encore pour qui pour l'instant. "Au second tour, on vote toujours par dépit et on sait qu'en 2022 ça va être un peu le vote du dépit", conclut-elle.

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