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1914-1918, franceinfo y était. 27 février 1915 : Le Moulin-Rouge, tout feu, tout flamme

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "Le Moulin-Rouge, tout feu, tout flamme".

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les jardins du Moulin Rouge, en 1900. (PRINT COLLECTOR / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

Le Moulin-Rouge presque entièrement détruit. Un gigantesque incendie s’est déclaré en pleine nuit dans le célèbre cabaret parisien. Aucune victime à déplorer, mais la salle est ravagée, malgré l’intervention très rapide des pompiers. Grégoire Lecalot, vous êtes sur place, boulevard de Clichy, pour France Info. Que reste-t-il de ce haut lieu des délices de la capitale ?

Ce qu’il en reste, c’est surtout une carcasse métallique encore fumante. De là où je me trouve, on peut voir le squelette du toit de la salle de spectacle. Les armatures ont résisté mais sont en partie tordues, la rosace qui surplombait l’entrée penche dans le vide. Les vitres des vérandas ont éclaté, les murs noircis ont le pied dans les gravats. Ici, un lampadaire noir est calciné comme une allumette avec sa grosse lanterne en boule.

Les pompiers sont toujours à l’œuvre, en train de noyer les derniers débris pour éviter les feux mal éteints. L’incendie est parti vers 1 heure du matin. Une épaisse fumée noire a été vue dans le quartier. L’alerte aurait été donnée par le ministre des Travaux publics lui-même, Marcel Sembat, qui habite rue Cauchois, derrière le Moulin-Rouge.

Très vite, les pompiers sont arrivés des casernes de la rue Blanche, de la rue Carpeaux, avec quatre pompes à vapeur déversant des trombes d’eau. Ils ont déroulé des tuyaux sur les trottoirs, leurs casques brillant devant les flammes. Il a fallu, par précaution, évacuer les immeubles alentour, et c’est vers 8 heures seulement que les pompiers sont parvenus à garder sous contrôle un incendie dont la cause reste inconnue ce matin.

Tout a-t-il été détruit ?

En grande partie, oui. Le cœur du Moulin-Rouge, la salle du théâtre-concert la plus moderne de Paris, imitée partout dans le monde, celle où l’on venait aussi dîner : eh bien elle n’existe plus, elle est partie en fumée. C’est là que Mistinguett a inventé sa valse chaloupée il y a quelques années. Et les plus anciens se souviennent de la Goulue et du cancan qui a fait la célébrité du Moulin-Rouge…

Mais tout n’est pas détruit. La scène a été sauvée. Un réflexe incroyable : le rideau de fer a été tiré au début de l’incendie et il l’a protégée. Les costumes de la loge des femmes ont aussi survécu, ainsi que les décors, même s’ils ont été en partie abîmés par l’eau. Au-dessus de tout ça, on peut voir le célèbre moulin lui-même, presque intact et qui restera sans doute comme un message d’espoir.

Le Moulin-Rouge pourra-t-il continuer ses activités ?

C’est en tout cas ce qu’espère son directeur, Jean Fabert, qui est venu ici ce matin, très abattu, constater les dégâts avant d’aller faire sa déposition. Il a fait une courte déclaration : il ne veut pas priver les Parisiens du spectacle qu’ils aiment, dit-il. Et il affirme que d’autres salles ont déjà fait des offres de services pour que ce spectacle se poursuive.

À noter que dans la foule présente sur les lieux, canalisée par des agents de police, tout le monde n’est pas d’accord. Certains nous ont confié qu’ils étaient plutôt satisfaits de voir disparaître – je cite – « un lieu de débauche ». En tout cas, les dégâts s’élèvent sans doute à plusieurs centaines de milliers de francs. C’est la somme qu’il faudra réunir avant que le plus célèbre cabaret de Paris ne puisse rouvrir ses portes.

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