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1914-1918, franceinfo y était. 20 juin 1917 : Charles Vally, mutin fusillé

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "Charles Vally, mutin fusillé".

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le général Pétain a décidé d’afficher la sévérité après les mouvements massifs de mutinerie qui ont touché l’armée française ces dernières semaines. (GALLICA / BNF)

Nous sommes le 20 juin 1917. Pas de pitié pour les mutins. Le général Pétain a décidé d’afficher la sévérité après les mouvements massifs de mutinerie qui ont touché l’armée française ces dernières semaines. Le commandement craint la contagion. Plusieurs soldats ont été condamnés à mort. Alors, même si ces exécutions sont moins nombreuses qu’en 1914 ou 1915, elles font peur dans les rangs. Mathilde Lemaire, bonjour. Vous êtes notre envoyée spéciale près de Soissons, dans l’Aisne, et plus précisément dans le village de Chacrise, où plusieurs soldats viennent d’être fusillés…

Oui, une scène tragique. Je me trouve dans un champ de ce village de Chacrise, à côté d’un moulin. Ce matin, à 6h15, quatre soldats ont été exécutés, non pas par les Allemands, mais par leur propre hiérarchie. Exécutés car jugés coupables d’actes d’indiscipline, de mutinerie. Ces quatre soldats s’appelaient Charles Vally, 25 ans, Louis Flourac, 24 ans, Joseph Bognot, 33 ans, et le plus jeune, Victor Degoué, 22 ans. On a vu arriver à l’aube dans ce champ un sergent qui leur a lu leur condamnation. Les quatre hommes ont aussitôt été déchus de leur grade. Sans attendre, un piquet d’infanterie s’est avancé et a fait feu sur eux. Le médecin-major est venu constater leur décès. Fin de l’opération.

Il leur était reproché d’avoir organisé il y a trois semaines avec toute une partie de leur bataillon, le 60e bataillon de chasseurs à pied, une manifestation pour réclamer des jours de repos. Dans la nuit du 4 au 5 juin, ces jeunes soldats ont été jusqu’à refuser l’ordre de se mettre en tenue, de quitter leurs abris : "Rien de tout ça tant que nous n’aurons pas eu nos permissions", disaient-ils. Un adjudant est venu les menacer, mais cela n’a rien changé, ils ont résisté, ce qui leur a valu d’être désarmés, arrêtés. Leurs officiers avaient bien retenu l’ordre du général Pétain il y a une dizaine de jours : s’ils ne mettaient pas fin à ces mutineries, ils s’en rendaient complices et risquaient pour leur propre vie. Un médecin militaire que j’ai croisé explique la situation ainsi : "La mutinerie, c’est comme ne plus se sentir en famille. L’ennemi devant soi n’est rien quand on se sent au coude-à-coude avec les camarades. Mais l’ennemi tout autour est une angoisse continuelle pour l’état-major."

Mathilde, est-ce que vous avez pu obtenir des informations sur le parcours de ces jeunes soldats ?

À part leur nom, on sait encore peu de chose sur eux… Charles Vally était né dans les Vosges. Ce 2e classe, matricule 1244, a été mobilisé en août 1914, alors qu’il venait tout juste de se marier. Engagé dans la bataille de Verdun, dans celle de la Somme, puis dans la calamiteuse offensive Nivelle, sur le Chemin des Dames il y a deux mois, il avait été de toutes les grandes manœuvres de cette guerre. 95 % de ses frères d’armes de 1914 sont morts. Survivant, il faisait partie de ceux qui devaient repartir en première ligne, sur le Chemin des Dames une nouvelle fois, ce mois-ci. C’en était trop pour lui, il s’est rebellé. Ce matin, il en a payé le prix fort. Au moment où je vous parle, le soldat Charles Vally est en train d’être inhumé, sans cérémonie, à quelques pas d’ici, dans le cimetière du village de Chacrise.

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