Tommaso Debenedetti, le récidiviste des faux comptes Twitter de personnalités
Tommaso Debenedetti a eu plusieurs vies numériques. Il a été le numéro 2 du Vatican, le Cardinal Tarcisio Bertone annonçant la mort de l'ancien pape Benoît XVI. Mais aussi le Premier ministre français François Fillon, la femme du magnat des médias Rupert Murdoch, l'ancien président du Conseil italien Mario Monti ou encore le président syrien Bachar el-Assad. Autant d'identités usurpées sur Twitter.
Il a récidivé en annonçant la nomination d'Ashton Carter au poste de futur patron du Pentagone américain. "Obama m'a appelé pour m'annoncer que je serai secrétaire à la Défense. Je suis honoré et heureux" , est-il écrit sur un compte récent donc davantage propice à la suspicion.
"J'avais volontairement commis une erreur de grammaire en anglais mais peu de personnes l'ont relevé" , explique-t-il en français à France Info. Le temps pour lui d'observer en ligne le relais de son imagination et quelques instants plus tard, l'information est démentie et est signée Tommaso Debenedetti.
L'ironie de l'histoire, et ce à quoi ne s'attendait pas l'Italien âgé de 45 ans, est que la Maison Blanche va saluer quelques heures plus tard les qualités d'Ashton Carter. Comme un signe d'une prochaine nomination qui n'est pas encore officielle.
Derrière le jeu, la dénonciation
Depuis trois ans, Tommaso Debenedetti, professeur de littérature italienne dans un lycée de Rome s'est pris, selon ses mots, au "jeu" de création de faux comptes. Ce fils de journaliste, qui se qualifie également de "journaliste ", entend ainsi dénoncer une société de l'information trop rapide et non vérifiée par les médias traditionnels sur les réseaux sociaux. Exemple, "la mort fonctionne très bien sur Twitter". A chaque fois, le même mode opératoire. Il n'hésite pas à recycler des comptes déjà créés pour conserver le nombre de followers et ainsi augmenter sa crédibilité.
Avant de commencer à usurper l'identité de personnalités sur Twitter, Tommaso Debenedetti inventait des interviews-fleuve avec des personnalités littéraires tel John le Carré et John Grisham ou politiques comme Lech Walesa ou encore Gorbatchev.
Jusqu'à que l'un de ses faux interviewés, l'Américain Philip Roth, soit interrogé en 2012 par le magazine américain New Yorker au sujet d'une citation critique d'Obama qu'il aurait tenu à un journaliste italien. Et le célèbre hebdomadaire de retracer la supercherie du journaliste indépendant qui contribuait dans plusieurs journaux locaux. "Ils pensaient qu'un petit journaliste freelance pouvait avoir accès à de telles personnalités ! ", fait-il encore semblant de s'étonner.
Sa prochaine cible, Youtube
Si un quotidien l'espagnol l'a qualifié de "champion italien du mensonge" , ce surnom ne plait pas à l'Italien. Il avance qu'il "ne fait pas de mensonges mais joue avec la réalité en créant de fausses nouvelles pour lequelles j'apporte un démenti rapide et personnel". Lui souhaiterait, par exemple, que Facebook ou Twitter requièrent de leurs utilisateurs des cartes d'identité avant toute inscription pour éviter des canulars. Ce qui n'empêche pas Tommaso Debenedetti de déjà réfléchir à son prochain relais de rumeurs : Youtube.
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