"Je suis allé troploin. " Quelques mois après son ascension record sur la face sud del'Annapurna, Ueli Steck le reconnait. Il est allé au bout de ses limites."En grimpant vers le sommet, j'ai accepté l'idée que je ne rentrerais peut-être pas chez mo i". Cette pensée lui fait peur rétrospectivement aujourd'hui.Avant de réussir la face sudde l'Annapurna, Ueli Steck s'est spécialisé dans les ascensions ultra-rapides.En 2009, il est venu à bout des trois grandes faces nord des Alpes : le Cervin,l'Eiger et les GrandesJorasses le 28 décembre 2008,en seulement 7h et 4 minutes cumulées. Un temps incroyable sur des parcours quireprésentaient il n'y a pas si longtemps, le summum de la difficulté glaciaire etrocheuse dans les Alpes.Après cette trilogie alpinequ'il raconte dans un livre Speed qui vient d'être traduit enfrançais aux éditions Guérin,Ueli Steck a réalisé qu'il ne pourrait pas aller plus vite. Il s'est donctourné vers un autre terrain de jeu et a transposé son style de speed climbingà l'Himalaya.Premier succès en 2011 sur le Shishapangma (8.013m) en seulement10h30. Puis, après deux tentatives ratées, l'Annapurna en octobre 2013. Un peuplus de 28h pour réaliser l'ascension de la face sud par l'itinéraire tenté en1992 par les Français Pierre Béghin et Jean-Christophe Lafaille, le premier y atrouvé la mort.Pour mesurer l'exploitd'Ueli Steck, il faut savoir que la première expédition britannique a mis deuxmois pour monter au sommet en 1970, avec l'aide de sherpas et de matériel. LeSuisse, lui, était seul. Il a profité d'une fenêtre météo exceptionnelle. Maisn'est resté que quelques minutes au sommet, déjà concentré sur la descente.Après une telle expérience,"profonde et réelle ", Ueli Steck redoute de devenir "accro" à ce genred'ascension en solo. Il sait que "c'est une voie dangereuse et à sensunique ". C'est pourquoi il aspire aujourd'hui à une vie plus normale et àêtre "heureux avec des choses plus simples ".L'itinéraire d'Ueli Steck sur la face sud de l'Annapurna le10 octobre 2013Vidéos d'Ueli Steck lors d'ascensions en speed climbing enanglais.