Une idée neuve des rapports nord-sud au Québec
Eglantine Hotanx est nièce d'un coopérant qui a parcouru pendant 30 ans l'Afrique, et la jeune femme
sait de quoi elle parle. "Je connais les techniques de coopération à la
française : se déplacer pour aller enseigner nos connaissances aux locaux, on
voit bien que ça ne fonctionne pas. Ce qui marche, c'est d'offrir la
possibilité à des Africains porteurs de projets de venir au Canada, chercher
eux-mêmes, de façon volontaire, l'expertise dont ils ont besoin auprès de nos
entreprises ".
C'est tout l'objet de l'association "Agir pour le
développement Canada ", créée il y a quelques années, et dont la Française
est vice-présidente. Comme ces Togolais, venus se former à l'informatique ou à
la mise en conserve de lait de coco, avant d'aller faire bénéficier l'économie
de leur pays de ces nouveaux savoirs. "L'idée, ce n'est pas d'inviter ces
futurs entrepreneurs à venir vivre au Québec , explique Eglantine Hontanx, mais
de partager avec eux, en les accueillant plusieurs semaines dans nos entreprises,
les connaissances des pays du nord. Sur un plan humain et au niveau de la
fierté personnelle, c'est plus intéressant et valorisant de venir chercher
l'expérience plutôt qu'on leur apporte directement sur place ."
Virage
à 180 degrés
Dans
sa vie d'avant, Eglantine Hontanx a dirigé pendant 7 ans l'hôtel Gault, un
petit établissement de luxe construit dans une ancienne manufacture du coeur
historique de Montréal. "Le plus surprenant et fatigant quand on arrive
d'Europe , témoigne la Française, c'est le peu de vacances ici. On démarre avec
deux semaines par an. On ne rend pas compte de tous les bénéfices sociaux qu'on
a en France ! " Une fois l'expérience terminée, la jeune femme, formée à
l'école hôtelière de Lausanne, dirige depuis 2011 les services administratifs
du département mathématiques et statistiques de l'Université de Montréal, un
virage à 180°. "Les relations de travail sont très différentes ici ,
assure-t-elle, les niveaux hiérarchiques ne sont pas aussi stricts qu'en France
mais on se doit de rester très politiquement correct, même lors de discussions
un peu houleuses, ce qui empêche parfois de résoudre les problèmes, alors qu'en
France, on est plus radical, on crève l'abcès ."
Née entre Pays basque et
Béarn, Eglantine Hontanx, dont le nom fleure bon l'armagnac, a commencé sa
carrière à l'Hôtel du Palais, à Biarritz, avant de s'envoler pour le Canada. "Plus jeune, j'avais vécu à Los Angeles , se souvient Eglantine. J'aurais
souhaité y repartir mais obtenir un visa était compliqué. Et comme le Québec
avait lancé une campagne pour faire venir des francophones, j'en ai profité
pour déposer une demande de résidente permanente ." Mariée à un
architecte, mère de deux enfant de 2 et 5 ans, Eglantine partage aujourd'hui
ses retours dans le Sud-Ouest entre Seignosse, dans les Landes, où vivent ses
parents, et Arcangues, au Pays basque, où réside sa tante.
Aller plus loin
Retrouvez ce portrait dans le magazine régional d'informations Objectif Aquitaine
Retrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama
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