Cet article date de plus de treize ans.

MBA, accélérateur de carrière à Boston

Lorsque Jean-Yves Lagarde, né à Paris, grandi entre la Lorraine et Fumel, dans le Lot-et-Garonne, s’est inscrit en MBA, master pour cadres supérieurs dans les affaires et la gestion, à l’université Tuck School a Dartmouth dans le New Hampshire, aux Etats-Unis, c’était pour s’ouvrir l’horizon.
Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Nous sommes en 1994. Jean-Yves a 29 ans. Diplômé de l’école d’ingénieur ENSEEIHT de Toulouse, le jeune homme a déjà quelques années d’expérience derrière lui. Il a « fait » l’Afrique avec le pétrolier Elf Aquitaine au Congo et en Angola, au moment de la guerre civile pour le contrôle des diamants et du pétrole. « C’était une période mouvementée, se souvient Jean-Yves, avec des déménagements en pleine nuit, des soirées difficiles, et des attaques de base. Ca permet de grandir en tant qu’être humain, et de réfléchir à ce qu’on veut faire ! » Aux Etats-Unis, Jean-Yves se lance dans les études, et rencontre sa femme, Américaine du Massachusetts, dans le même programme que le sien à l’université. A sa sortie, il est d’abord envoyé au service marketing stratégique d’une compagnie de fibres optiques dans l’Etat de New York, rien à voir avec sa vie d’avant ! « Quand on est ingénieur en France, c’est difficile de changer de parcours, de s’intéresser au business, financier, marketing, témoigne-t-il, ce qui se fait pourtant couramment avec un MBA, changer de carrière, en particulier aux USA. » Entre temps, Jean-Yves a fondé une famille et part s’installer à Boston, d’où vient son épouse. Il découvre l’univers du capital-risque, où des banques misent les millions de dollars de leurs clients sur des start-up prometteuses dans les hautes technologies. Jean-Yves rejoint un fonds d’investissement américain. Son job, c’est l’analyse rigoureuse de ces jeunes pousses, du pedigree de leurs dirigeants à la taille du marché à viser. « Il faut développer des réseaux d’entrepreneurs, de banquiers d’affaires, intermédiaires, recruteurs, chercheurs en université. C’est un métier au carrefour de beaucoup de dimensions humaines et d’intervenants de tout poil ! » Le couple et leurs 3 enfants, 3 garçons, vit à Lexington, à 15 kilomètres du centre de Boston, ville verte du centre, où des milliers d’Européens sont venus construire les Etats-Unis. « Il y a essentiellement deux grands groupes d’immigration à Boston : les Irlandais, prédominants, et les Italiens, observe Jean-Yves. Tout ce microcosme, cette culture européenne, et les Français venus du Québec et du Maine forment un melting-pot intéressant, il y a beaucoup de couples américano européens quelque chose… » Côté nostalgie, c’est sûr, Jean-Yves, 42 ans, a laissé quelques morceaux de lui en France. Son grand projet est d’ailleurs aujourd’hui de monter son propre fonds d’investissement pour aider spécifiquement les entreprises tricolores à développer une grosse filiale aux Etats-Unis, avec des méthodes et équipes américaines, tout en gardant la technologie et le développement côté français. Ce qui lui permettrait, dit-il pragmatique, de rentrer plus souvent au pays pour ses affaires. Et il a même converti son épouse à cet amour de l’Hexagone. Elle a demandé, et obtenu, la nationalité française, en 2004, à une époque, la guerre en Irak, où il était plutôt courageux d’afficher ses affinités avec le pays de Voltaire et d’Hugo.

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Sa société Boston Millennia Partners, en anglais

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