Iran, année zéro
Yogo nous accompagne jusqu'au pont Tabiat, dans le nord de Téhéran. C'est ici, à l'intérieur et sur la passerelle au-dessus de cet ouvrage futuriste et aérien que se mélange toute la société iranienne, au milieu des terrasses des cafés branchés. Nathanaël Leprette, 29 ans, alias Yogo, vit depuis un an en Iran. Il apprend le persan à l'Université de Téhéran, où il ne sont que sept Français.
Les choses s'accélèrent depuis six mois en Iran, dit-il, ce qui a fait naître beaucoup d'espoir parmi la jeunesse : "Les Iraniens demandent des signes d'ouverture, pour l'instant, ils ne voient pas grand-chose. Ils ont un engouement pour la culture de l'ouest, la musique pop, les séries TV. Tous apprennent l'anglais. Je suis toujours très surpris d'être interpellé dans le bus pour parler en anglais. Pour eux, c'est un éclair qui jaillit de pouvoir enfin pratiquer."
Schizophrénie permanente
Yogo vit avec un colocataire iranien dans un appartement à 40 minutes de Téhéran. Sur Internet, il propose aux voyageurs de passage de venir dormir gratuitement sur son canapé. Inimaginable dans la vision qu'on a de l'Iran en France. La société iranienne vit au rythme d'une schizophrénie permanente.
"Il y a la vie publique, dans la rue, explique-t-il, où il faut respecter un certain nombre de règles et ne pas se faire mal voir, mais après en privé, quand ils sont au restaurant même, évidemment à la maison, chez eux, à ce moment-là, la culture est très européenne. Les jeunes que je vois ici à Téhéran, ils ne portent pas un grand intérêt pour la religion, quelle qu'elle soit d'ailleurs. Ils ont pas envie de subir un diktat imposé de comment ils doivent croire."
J'irai dormir chez vous
Yogo est né à Marseille. Ses deux parents, profs dans des lycées français à l'étranger, lui ont sans doute très tôt donné le goût du voyage. Diplômé comme ingénieur en énergie bâtiment environnement à Chambéry en 2010, il a travaillé quelques mois puis est parti rouler sa bosse à travers toute l'Asie, en auto-stop et en dormant chez l'habitant : en trois ans, il a dépensé 7.000 dollars.
En Iran, il vit grâce à un peu d'argent placé à la banque. Il a des projets de films vidéos sur l'environnement, postule à un doctorat sur les énergies renouvelables à l'université de Téhéran et s'étonne toujours de la gentillesse des gens qu'il croise.
"On est tout le temps accueilli chaleureusement, constate-t-il, ce n'est pas simplement de la courtoisie. Les Iraniens veulent connaître les étrangers, savoir qu'on n'est pas que dans la TV, qu'on existe vraiment et qu'ailleurs on vit autrement."
A petits pas comptés
L'Iran est un formidable marché qui s'ouvre pour le tourisme. Certains voyagistes comme National Tours, basé à Rennes ont remis dès cette année la destination dans leur catalogue en circuit accompagné.
"L'Iran sera certainement une destination en devenir, assure Thierry Houalard, directeur général de National Tours, filiale du groupe Salaün, pour un public de voyageurs qui a déjà abordé des destinations culturelles un peu hors normes, authentiques et uniques. On arrive à capter des gens plus jeunes que nos clients traditionnels."
Mais cette ouverture est fragile. Si le président Rohani passe pour un réformateur en Europe, c'est surtout un président pragmatique et modéré qui fait avancer la société à petits pas comptés, pour ne pas froisser les religieux qui détiennent réellement le pouvoir. D'autant que l'élection présidentielle de l'an prochain en Iran pourrait tout remettre en question.
Aller plus loin
Aller en Iran avec National Tours, filiale du groupe Salaün. Un pari qui devrait séduire les voyageurs désireux de découvrir des destinations atypiques.
Retrouvez ce dossier sur Vivre à l'étranger.com, le site de la mobilité internationale du groupe Studyrama
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.