"Fin 2004 , témoigne-t-il, il était interdit de prendre du pari hippique enFrance à cause du monopole du PMU. Alors qu'à Malte c'était autorisé. On savaitque ça allait craquer parce que la jurisprudence estimait ces monopolesnationaux illégaux au regard du droit européen. " Aujourd'hui, les règles ontchangé en France mais Rohan Chabot, 49 ans, est resté à Malte. La sociétéemploie 30 personnes près de La Valette, la capitale.Ze Turf annonce un million et demi de visiteurs uniques par mois, 300.000 joueursinscrits, dont une moitié de Français, et 200 millions de paris par an. "C'estun site d'information, détaille le Français. On vient préparer son jeu grâce àdes tuyaux et des pronostics. Ce n'est pas de la loterie. On a besoin dechoisir un cheval, un jockey, en fonction des circonstances. Il n'y a pasde cagnotte. On ne vend pas du rêve. " La force de frappe de ZeTurf , ce sont ses centaines de serveurs informatiques parfois soumis àrude épreuve. "On a parfois des pointes à 50 à 100.000 personnesconnectées en même temps, avec des transactions financières. Il faut que lesystème soit fluide et réactif. Vous ne pouvez pas dire à un parieur qui veutjouer juste avant le départ d'une course que le site ne fonctionnera que cinqsecondes plus tard. Il faut que ça marche tout de suite ! " En plus deschevaux, Ze Turf s'est essayé sans succès aux courses de chiens,"ça ne dure que trente secondes, ça va trop vite. C'est trop difficile àsuivre sur internet en vidéo. Ce n'est pas le même spectacle ."Le sitepropose de miser sur les courses hippiques en France, en Europe, en Asie etjusqu'en Amérique latine . "On essaie de choisir les bonnes épreuves,avec de bons chevaux et fiables, transparentes, sans risque de trucage ou demanipulation. "Beaucoupde turn-overDiplôméde Sciences Po et titulaire d'une maîtrise d'économie à Paris-Dauphine,Emmanuel de Rohan Chabot, parisien pur sucre, raconte que c'est son frère,passionné de courses hippiques et directeur de la revue Teknik'art , qui lui a donné l'idée de Ze Turf . Un jour, en 2000, il a débarqué dans mon bureau en me disant "il ya six millions et demi de turfistes en France et pas un site internet pour eux! Vu qu'à l'époque, je m'ennuyais comme employé d'un fondsd'investissement qui n'investissait pas, je l'ai suivi. " Un an plus tard,le site était né. Aujourd'hui, le Français ne regrette pas son départ pourMalte : "c'est une petite île où il fait beau, où il n'y a pas dechômage, et où les jeunes viennent chercher une première expérienceprofessionnelle, en particulier dans les services clients des sociétésinstallées ici. Il y a beaucoup de turn-over. " En plus de ses bainsquotidiens dans les eaux de la Méditerranée à l'heure du déjeuner qui étonnenttoujours ses collègues, Emmanuel de Rohan Chabot s'est mis à la voile etdispute chaque année la "Middle Sea Race ", une course entre Malteet la Sicile.LuiécrireAller plus loin Son site internet Ze TurfRetrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama