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Français du monde. Comment le Vietnam a-t-il réussi à limiter l'impact de la pandémie ?

Le pays a beau être limitrophe de la Chine, il a été relativement peu touché par la pandémie. Félicité par l'OMS pour sa gestion de la crise, le Vietnam a en fait appliqué les méthodes qui l'ont protégé du SRAS en 2003. Un Français témoigne.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Benoît Perdu et son épouse: navigation sur le Mékong en sampan (Photo Kristin Drenzec)

Ses trois bateaux de croisière restent pour l'instant à quai le long du Mékong. Benoît Perdu songe même à en vendre un. Depuis la fermeture des frontières le 23 mars, il n'y a quasiment plus aucun touriste étranger au Vietnam. Présent dans le pays depuis 1992, le Français a vu ressurgir les méthodes qui ont permis aux autorités d'éliminer le SRAS il y a 17 ans :

"Ils ont remis tout de suite en service tout ce qui existait à l'époque, avec un arrêt très rapide des écoles. Cela a provoqué pas mal d'hésitation de la part des parents vu qu'il n'y avait que 16 cas à l'époque, mais c'était certainement le bon choix vu que les enfants sont porteurs sains de la maladie."

Le Mékong, c'est la vie: marché flottant devant un village du delta.  (Photo Kristin Drenzec)

Le Vietnam a répondu très tôt et très fort face à l'arrivée de la pandémie

Dans un pays de près de 100 millions d'habitants vivant sur l'équivalent des 3/5 de la surface de la France, essentiellement concentrés dans les villes, le Covid-19 aurait eu l'effet d'une bombe épidémiologique sans ces mesures drastiques, comme le traçage de tous les cas suspects :

Ils n'ont pas lésiné, ils ont vraiment confiné, isolé, mis à l'hôpital directement les gens qui avaient été malades, et mis en quarantaine tous les gens identifiés qui avaient été en contact avec eux, remontant jusqu'au 4e cercle.

Benoît Perdu

Épargné par le virus, le Vietnam s'est même permis le luxe d'offrir un million de masques aux Américains et aux Européens, alors qu'il était aux premières loges de l'épidémie.    

Benoît Perdu au Vietnam: "On a une petite flottille de trois bateaux en bois." (Photo EMMANUEL LANGLOIS)

Chiffre d'affaires à zéro  

Dans cet îlot communiste en Asie du Sud-Est, où le Parti unique règne sans partage, personne n'a eu l'idée de lancer un débat comme en France sur la protection et l'utilisation des données personnelles. "Le rôle du gouvernement est clairement de protéger la population et si certains individus doivent être exposés, c'est un coût qu'on est prêt à supporter." 

Pas de confinement strict au Vietnam donc, mais des restaurants moins fréquentés que d'habitude. Le port du masque est obligatoire. Et derrière ces mesures, il y a un gros travail d'éducation de la part des autorités, explique Benoît Perdu : "Imaginez qu'à chaque fois qu'on passe un coup de téléphone au Vietnam, avant que votre destinataire sonne, il y a une petite voix qui vous donne très gentiment des conseils ou indications actuelles du ministère de la Santé." 

Un village des rives du Mékong vu du pont du Bassac (Photo Kristin Drenzec)

Né à Dieppe, en Normandie, ingénieur en électricité mécanique, Benoît Perdu vit au Vietnam depuis bientôt 30 ans. Vu que son chiffre d'affaires est à zéro, le Français s'est séparé d'une quarantaine d'employés sur 210. "On a demandé à l'équipe, qui a accepté, des réductions de salaires qui nous permettent d'envisager de tenir plusieurs mois. Maintenir les bateaux à l'arrêt, ça coûte très cher. On va probablement en vendre un." 

Benoît Perdu ne voit pas son horizon se déboucher avant des mois. Le Vietnam pourrait être très réticent à rouvrir ses frontières aux touristes étrangers avant la mise au point d'un traitement ou d'un vaccin contre le Covid-19.   

Lui écrire : benoit@mekong-delta.com  

Le Bassac III aux abords d'un marché flottant sur le Mékong. Le plus important est à Cân Tho.   (MORGAN OMMER)

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Sa société Transmékong

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Le Bassac navigue sur le Mékong.  (MORGAN OMMER)

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