Français du monde. A saute-mouton entre la France et l’Allemagne
On les appelle les transfrontaliers. Le phénomène prend plus d’ampleur chaque année.
Expatriés à mi-temps, ils sont plus de 350 000, selon l’Insee, à franchir la frontière matin et soir pour aller travailler à l’étranger et revenir dormir en France. La hausse atteint 42% en 12 ans. Reportage en Allemagne, où plus de 50 000 navetteurs français franchissent le Rhin deux fois par jour.
Il a un œil sur tout
Il a un oeil sur les défilés, sur les parades, dans les allées, sur les 14 spectacles quotidiens. Nicolas Bapst est l’un des chefs de projets de tout l’événementiel d’Europa-Park, le plus grand parc d’attractions d’Allemagne, avec 5 millions de visiteurs par an. Nous sommes à Rust, petit village à quelques kilomètres de la frontière française. Nicolas travaille ici depuis quatre ans, mais il vit en France, en Alsace, où il est né et a grandi, et il fait le trajet tous les jours, ¾ d’heure le matin, autant le soir.
"C’est un peu long, reconnaît-il, mais il y a une qualité de vie à Strasbourg, cela permet de déconnecter d’avec le parc. C’est très prenant, c’est un petit monde. La route fait que je suis bien là où je vis, et bien là où je travaille."
Nicolas règle les spectacles. Il se voit comme un architecte
Plus de 250 artistes sont en résidence à Rust pendant la saison. "Il y a 37 nationalités, détaille-t-il. On mélange tous ces artistes avec un metteur en scène. Il y a énormément d’interculturel, c’est un vrai challenge. Il faut arriver à un projet homogène et une vraie équipe qui arrive à s’éclater sur une saison parce qu’ils vont faire plus de 800 fois le spectacle !"
Le Français a une solide formation dans le tourisme, diplômé de l’ESTHUA d’Angers, la fac de référence dans le secteur. Il a découvert Europa-Park grâce à des stages avant d’y revenir définitivement.
Dans le plus bel écrin
Ici, dit-il, on travaille et on réfléchit à l’allemande. Ça change de culture :
"Les gens ont d’autres émotions. Ils sont un peu plus secs que les Français, un peu moins dans le dialogue. On peut les trouver pas très drôles alors que c’est vraiment une différence culturelle."
Le parc a été créé par la famille Mack, fabricant de manèges depuis huit générations. "Le fonctionnement, c’est vraiment le Mittelstand, la petite PME allemande familiale mais quasi leader mondial. Ici, les patrons raisonnent en termes de générations, pas de semaines ou de trimestres." 90% des attractions sont fabriquées sur place.
L’endroit sert aussi de vitrine pour les clients étrangers : "Les parcs du monde entier nous visitent. On a la chance de pouvoir tester les manèges chez nous, dans le plus bel écrin, parfois des prototypes. Ils les achètent tels quels ou les adaptent à leurs spécificités locales."
33 ans, célibataire, Nicolas Bapst voyage dans le monde entier, professionnel et consciencieux même en vacances. "Il faut aller voir ce que font les concurrents, argumente-t-il. On est un petit milieu, tout le monde se connaît et on échange facilement entre les parcs. Si on est au Japon, en Corée ou je ne sais où, on en profite aussi pour visiter les parcs et rencontrer nos collègues."
Il est fan de randonnée. Là aussi, être transfrontalier a du bon. Se mettre au vert d’un côté et de l’autre du Rhin : un week-end dans les Vosges, un autre dans les montagnes de la Forêt Noire, côté allemand.
Aller plus loin
Europa-Park, le grand parc de loisirs de Rust, en Allemagne
Retrouvez ce portrait sur Vivre à l'étranger.com, le site de la mobilité internationale du groupe Studyrama
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