Expatriation : allons-nous perdre tous nos jeunes talents ?
Entretien avec Christina Gierse, rédactrice-en-chef de Vivre à l'Etranger.com, le site de la mobilité internationale du groupe Studyrama.
- Est-ce vraiment inquiétant ? Peut-on parler d'exode massif des Français ?
- Le mot "exode" est un peu fort, mais les chiffres indiquent une nette tendance à la hausse : la communauté français vivant à l'étranger compte quelques 70 000 membres supplémentaires chaque année, soit une augmentation de 3 à 4 % par an. Cette tendance ne date cependant pas d'hier, puisqu'elle a débuté en 2000, ce qui relativise le seul "effet crise".
- Pourtant, les personnes qui partent sont plutôt jeunes et diplômées, donc en quête d'une meilleure situation professionnelle...
- Oui, c'est ce qui ressort de cette étude. La moitié de ces expatriés ont un niveau de diplôme bac + 5 minimum, et 57% d'entre eux gagnent plus de 30 000 euros nets par an. Mais que l'on retrouve cette population de diplômés parmi les expatriés n'est pas étonnant vu les nombreux accords entre écoles et universités étrangères qui existent aujourd'hui, plus les stages obligatoires à l'étranger au programme de nombreux cursus... En revanche, plus surprenant est la tendance au départ de jeunes entrepreneurs. Une catégorie toujours plus nombreuse parmi la communauté des expats : en 2013, près de 2 Français sur 10 installés à l'étranger étaient des créateurs d'entreprises, contre seulement 1 sur 10 dix ans auparavant, en 2003.
- Qu'est-ce-qui pousse ces entrepreneurs à l'exil ?
- Certains y voient le signe d'un ras le bol fiscal dû à la charge trop lourde qui pèserait sur les entreprises en France. D'autres y voient tout simplement le signe d'une jeune génération plus mobile et donc plus à même d'aller chercher les opportunités de business là où elles se trouvent.
- Alors, fuite des cerveaux ou pas ?
- Il est vrai qu'un certain nombre de jeunes partent faute d'opportunités professionnelles, mais cette attraction de l'étranger ne concerne pas que les jeunes Français. Elle concerne aussi les jeunes Allemands, les jeunes Anglais... Plus de la moitié des Français qui partent vont dans un autre pays européen. Après 50 ans de construction européenne et le succès des programmes d'échanges internationaux pour étudiants, qui pourrait s'en étonner ?
Aller plus loin
L'étude de la CCIP
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