Épopées héroïques en Nouvelle-Calédonie
C'est un drôle de bâtiment en forme de triangle ou de pyramide, au pied des montagnes de containers du port autonome de Nouméa. Le musée maritime accueille 15.000 visiteurs chaque année, de ceux que l'histoire de l'archipel passionne. Valérie Vattier le dirige depuis 2002. A l'intérieur, des maquettes de vieux galions, des instruments de navigation, des gravures d'époque et le clou du spectacle: des vestiges du naufrage de La Pérouse en 1788. «L'expédition était partie de Brest trois ans plus tôt, raconte la Française, passionnée, sous les ordres de Louis XVI qui voulait se mesurer aux Anglais.
Les deux navires étaient venus dans le Pacifique découvrir de nouvelles terres et les cartographier.» Deux siècles plus tard, et malgré huit campagnes de fouilles, les raisons du naufrages restent mystérieuses. Tout comme l'identité précise de ce squelette retrouvé en 2003 dans une des deux épaves, et dont le buste, plus vrai que nature, apparaît au détour d'une galerie. «On l'appelle l'inconnu du Vanikoro, explique Valérie. La seule certitude qu'on ait, c'est qu'il faisait partie de l'équipage de la Boussole (l'autre vaisseau était l'Astrolabe - ndlr). On en a fait une reconstitution en latex à partir de données rigoureuses et scientifiques.»
L'autre immanquable, c'est ce gigantesque safran, de 12 mètres de haut et lourd de 2 tonnes et demi qui trône au milieu du musée. C'est le plus grand en bois jamais construit au monde. La gouverne appartenait au Roanoque, un voilier minéralier, l'un des derniers clippers, échoué en 1905 dans le nord de la Nouvelle-Calédonie alors qu'il venait charger du chrome. «On ne pouvait pas le faire entrer par la porte, se souvient la directrice, alors il a été élevé par une grue à 30 mètres au-dessus du musée et passé par le toit en quelques minutes, très tôt le matin, pour qu'il n'y ait pas un souffle de vent. Ça m'a paru très long. Tout le monde retenait sa respiration.» Plusieurs compagnies comme Aircalin proposent des vols quotidiens de Paris vers la Nouvelle-Calédonie.
Née à Rouen, en Normandie, Valérie Vattier vit depuis 20 ans en Nouvelle-Calédonie. Elle avait à l'époque suivi son mari embauché au centre culturel Tjibaou. L'aventure ne devait durer que trois ans. «On est très attachés à ce pays, dit-elle, on a les pieds nickelés, avec le nickel justement. Au-delà de ses ressources, c'est une île d'une richesse humaine incroyable dans sa diversité, sa complexité. Ce n'est pas simple mais il y a cette envie de vivre ensemble et cette énergie incroyable pour y parvenir.»
Valérie Vattier vit en famille au Mont Dore, à 30 kilomètres de Nouméa, au pied d'une ancienne mine, entre terre et mer. «Les gens viennent ici parce qu'ils ont de la famille ou des amis. A la différence de Tahiti, la Nouvelle-Calédonie est restée presque intime, préservée des flux touristiques. Il y a un côté niche.» L'archipel est le paradis de la faune et de la flore. Valérie Vattier raconte qu'il lui arrive de plonger avec des raies manta. Depuis deux ans, elle s'est mise au surf ski, kayak très effilé héritier lointain du Va'a, la pirogue à balancier typique du Pacifique.
Le centre culturel Tjibaou de Nouméa
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