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Expliquez-nous... Les dispositifs de lutte contre les violences faites aux femmes

Alors que le 3919, numéro national d'écoute destiné aux femmes victimes de violences, a, en octobre, été saturé, franceinfo s'arrête sur l'ensemble des dispositifs de lutte contre les violences faites aux femmes. 

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Une écoutante de la plateforme téléphonique du 3919, numéro d'appel unique destiné aux femmes victimes de violences conjugales.  (JACQUES DEMARTHON / AFP)

On estime que 225 000 femmes de 18 à 75 ans sont, chaque année en France, victimes de violences au sein de leur couple. Ces chiffres, issus de données croisées de l'Insee, de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales et du service statistique ministériel de la sécurité intérieure, sont basés sur des déclarations de victimes de violences physiques et sexuelles et ne tiennent donc pas compte des violences psychologiques (brimades, menaces, emprise économique ou via les enfants). Ils n'incluent pas, non plus, les formes de violences vécues en dehors du couple -notamment au travail. Ils reflètent encore moins toutes les formes de violences qui ne sont pas racontées.

La peur et l'emprise sont parfois telles que le simple fait de raconter un vécu ou se dire victime est très compliqué. Face à des mécanismes de mieux en mieux connus, les dispositifs évoluent.

1Le 3919

Destiné à l'origine aux victimes de violences conjugales, le 3919 a été élargi à toutes les formes de violences faites aux femmes. Il est anonyme et gratuit, accessible sept jours sur sept et est géré par la Fédération nationale solidarité femmes. C'est une coordination d'une soixantaine d'associations dans toute la France. Une femme (ou un de ses proches) qui appelle le 3919 peut donc être orienté vers un dispositif local, à même d'apporter un soutien concret, voire de loger dans l'urgence ces femmes, ainsi parfois que leurs enfants. En France, 143 000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré des violences physiques ou sexuelles de la part de son conjoint. 

>> Reportage :  après l'explosion des appels en octobre, le 3919 s'interroge sur son avenir

2Les structures locales

La liste est accessible via le 3919 ou sur une carte interactive sur le site stop-violences-femmes.gouv.fr. Elle recense les lieux d'écoute et les accueils de jour qui permettent de préparer, d'éviter ou d'anticiper le départ des femmes de leur domicile. Il y en avait 327 dans toute la France l'an dernier.

Elle permet également d'identifier les référents départementaux qui assurent des prises en charge globales et sur la durée des femmes concernées. Ce sont souvent les CIDFF: un réseau de 111 centres d'information sur les droits des femmes et des familles. Il existe aussi désormais des référents dans les services d'urgence des hôpitaux.

3Les dispositifs judiciaires et au sein des commissariats et gendarmeries

Un dispositif de téléphone portable d'alerte a, ces dernières années, été généralisé. Ce téléphone, dit "grave danger", est accordé par le Procureur de la République pour six mois, renouvelables. Il permet de garantir aux femmes concernées, via une touche dédiée, une intervention rapide des forces de l'ordre, sept jours sur sept, 24 heures sur 24, via une plateforme spécialisée.

260 intervenants sociaux et psychologues sont par ailleurs –on le sait rarement– présents, sur rendez-vous, dans certains commissariats et gendarmeries.

Les personnes victimes de violences au sein de leur couple peuvent par ailleurs bénéficier d'ordonnances de protection, délivrées par le juge aux affaires familiales, pour six mois, renouvelables une fois, qui permettent d'éloigner le conjoint violent ou lui interdire de s'approcher de la victime.

Il existe également, depuis le 1er janvier dernier, une agence de recouvrement des impayés de pension alimentaire, ainsi qu'un dispositif dit "d'intermédiation financière". Il peut être décidé par le juge aux affaires familiales en cas de violences ou de menaces exercées par le débiteur de la pension alimentaire (le parent qui doit payer la pension alimentaire) à l'encontre du parent créancier (le parent qui doit recevoir la pension alimentaire) ou de leurs(s) enfant(s). La pension alimentaire est alors versée chaque mois par le débiteur de la pension, par l'intermédiaire de l'agence, au parent créancier. 

4Des intiatives locales qui se multiplient mais manquent de moyens

Aux dispostifs nationaux s'ajoutent des initiatives régionales, départementales, locales. Des plateformes ont ainsi été mises en place dans certaines communes pour permettre aux femmes de prendre rendez-vous simultanément avec un avocat ou un juriste et un travailleur social.

Des "bons de taxi" sont dans certains commissariats délivrés aux victimes pour pouvoir se rendre du lieu où elles ont porté plainte vers les unités médico-judiciaires, souvent éloignées, où les violences doivent être constatées pour être ultérieurement judiciairement prises en compte.

Les associations mettent souvent en avant l'importance d'actions coordonnées en lien avec les forces de l'ordre, la justice, la mairie, les travailleurs sociaux, les centres de santé et PMI (protection maternelle et infantile), l'éducation nationale, Pôle Emploi, les caisses d'allocations familiales et les bailleurs sociaux. Elles insistent surtout sur les moyens financiers nécessaires pour que les dispositifs perdurent et s'amplifient.

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