Expliquez-nous ... les bonus automobiles
Les bonus, les aides, les primes à l'automobile, sont une tradition en France depuis plus de 20 ans. Elles sont là pour doper les ventes quand elles dépriment et pour encourager l'achat de voitures propres.
"Balladurette"
Le premier dispositif remonte à 1994. C’était la "Balladurette" car c'est le Premier ministre Edouard Balladur qui l'a lancée. A l'époque, la France est en crise économique aigüe avec un chômage très élevé et une consommation au point mort. Les voitures neuves en souffrent. Alors, Edouard Balladur lance une prime à la casse de 5.000 francs (750 euros environ) pour l'achat d'une voiture neuve contre la mise au rebut d'un véhicule de plus de 10 ans.
"Jupette"
La mesure fonctionne mais elle s'arrête en juin 1995, juste après la présidentielle perdue par Balladur au premier tour au profit de Chirac. Aussitôt, le marché s'effondre avec comme conséquence du chômage technique chez Peugeot notamment.
Le nouveau Premier ministre Alain Juppé lance donc la "Jupette", six mois plus tard, en octobre 1995, avec entre 5.000 et 7.000 francs de prime contre l'achat d'une voiture plus ou moins grosse et la mise à la casse d'une voiture de plus de huit ans. Quand la mesure s'arrête un an après, le marché dégringole à nouveau.
Achats par anticipation
Car ces aides temporaires de l'Etat sont des effets d'aubaine. Les Français achètent leur voiture avec quelques mois d'avance sur leurs prévisions et ils prennent la prime. Quand le dispositif s'arrête, il beaucoup moins d'acheteurs puisque les emplettes ont été faites quelque mois avant.
Prime à la casse / bonus écologique
Le phénomène s’est reproduit avec la prime à la casse de Nicolas Sarkozy. En septembre 2008, crise financière et économique éclate et les ventes de voitures s’effondrent encore. Trois mois après, en décembre 2008, le président de la République lance la prime à la casse de 1000 euros qui durera deux ans à taux plein. On sait aujourd'hui que sur le total des voitures vendues grâce à la prime, plus de la moitié l'ont été par anticipation.
Diesel boosté
La mesure a eu un autre effet pervers. Sur le diesel. Cette prime à la casse, on l'appelle aussi bonus-malus écologique. En dessous d'un certain seuil d'émissions de CO2, la voiture achetée bénéficie d'un bonus. Mais les diesels rejettent peu de CO2. Ces véhicules bénéficient donc du bonus. Les acheteurs se ruent dessus. Résultat en 2010, 55 % des ventes se font sur du diesel.
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