Expliquez-nous le statut de pensionnaire de la Comédie française
La Comédie française est la plus ancienne troupe de théâtre encore en activité au monde. Laurent Lafitte y a occupé une place pendant 12 ans, avant d'annoncer, d'après Libération jeudi 2 mai, qu'il allait la quitter pour se consacrer entièrement à des projets extérieurs. Arrivé au "Français" en 2012, il a fait partie de cette troupe au statut très envié par les intermittents, qui permet à des acteurs de bénéficier de la garantie d'un revenu régulier et de la sécurité de l'emploi.
Quand on entre à la Comédie française, on commence par être pensionnaire. Il faut avoir été recruté par l'administrateur de la Comédie française - en ce moment c'est le comédien Éric Ruf. Au bout d'un an, le pensionnaire peut devenir sociétaire. Pour cela, sa candidature doit être cooptée par les autres sociétaires de la troupe, réunis en assemblée. Sociétaire comme pensionnaire perçoivent une allocation mensuelle et des primes de "feu", des sortes de cachets pour chaque représentation. Ils touchent aussi un pourcentage d'intéressement aux résultats du théâtre.
Statut protégé contre certaines obligations
Les obligations sont définies très précisément par la loi, plus exactement par un décret publié en 1995. Ce texte précise que les membres de la troupe doivent se concentrer sur leurs activités à la Comédie française. S'ils veulent, par exemple, tourner dans un film, une série ou faire du doublage, ils doivent consulter l'administrateur général de la troupe, qui pourra leur accorder un congé.
Ils ont interdiction de jouer dans un théâtre privé ou de tourner dans une pub. Mais ils peuvent exceptionnellement jouer dans un autre théâtre national. Si un sociétaire manque à ses obligations, il risque d'être rétrogradé au statut de pensionnaire. Un pensionnaire risque, quant à lui, de voir son contrat rompu.
C'est donc un statut plutôt contraignant, d'autant que la troupe de la Comédie française joue toujours plusieurs spectacles en même temps. Les comédiens tournent sur les rôles, doivent les connaître tous et participer aux répétitions. C'est ce qu'on appelle "le principe de l'alternance". Ce système laisse donc peu de temps pour d'autres projets. Cela explique pourquoi Laurent Lafitte n'est pas le premier à avoir préféré quitter la Comédie française. Avant lui, Pierre Niney avait pris la même décision en 2015, comme dans les années 1970, Isabelle Adjani.
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