Expliquez-nous le masculinisme

Le "masculiniste" britanno-américain Andrew Tate a été arrêté, puis relâché, mardi en Roumanie. Ce célèbre influenceur est poursuivi pour plusieurs agressions sexuelles commises en Grande-Bretagne. C'est l'occasion de revenir sur le phénomène du "masculinisme".
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Andrew Tate devant son domicile à Bucarest, le 4 août 2023, où il était placé sous contrôle judiciaire avec son frère,  pour des accusations de délits sexuels. (DANIEL MIHAILESCU / AFP)

Le masculinisme est un discours qui soutient et promeut la domination masculine. Il estime que les femmes ont trop de pouvoir, et qu'elles dominent désormais les hommes. Logiquement, les masculinistes s'opposent fortement aux mouvements féministes. Mais ces hommes réfutent les termes de "masculinistes" ou de "virilistes". Ils préfèrent s'appeler "hoministes" ou "militants pour le droit des hommes".

Le phénomène a commencé à émerger dans les années 1980, dans plusieurs pays occidentaux. Il s'est dessiné notamment aux États-Unis, à la suite des avancées des droits des femmes dans les années 1970, puis a pris de l'importance à partir des décennies 2000-2010, à la faveur du développement des réseaux sociaux.

Bataille de pouvoir

Des influenceurs, comme Andrew Tate, se sont alors multipliés avec un discours masculiniste. Dans leurs vidéos, ces hommes attaquent les femmes : elles "mentent", elles sont "intéressées", "profiteuses", elles "castrent les hommes", selon eux. Ces influenceurs se présentent comme des "coachs" et donnent leurs conseils pour reprendre le pouvoir. Il faut devenir des "mâles alpha", c'est-à-dire des "mâles dominants", car selon eux, les femmes "adorent se sentir inférieures aux hommes". Ainsi, plusieurs d’entre eux font payer leurs services, leurs conseils en ligne. Ces contenus ont été vus des dizaines de milliers de fois en France. Andrew Tate, lui, a été banni d'Instagram et de Tik Tok, mais il est suivi par 9 millions de personnes sur X (ex-Twitter). 

Le discours masculiniste se propage en France. En janvier, le Haut Conseil à l'Égalité a dévoilé une étude qui révélait que 37% des hommes considèrent que le féminisme menace leur place dans la société. Et les jeunes hommes sont parfois plus sexistes que leurs aînés. La Mission contre les dérives sectaires estime de son côté que les influenceurs masculinistes peuvent réellement endoctriner leur public. Cette mission s'alarme aussi du développement de stages de "masculinité" le temps d'un week-end, facturés plusieurs centaines d'euros, dans lesquels les hommes sont appelés à "se révolter". Avec leurs messages hostiles, ces vidéos et ces stages normalisent des postures violentes vis-à-vis des femmes, et peuvent conduire aux pires comportements. 

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