Expliquez nous... la délicate gestion de l'héritage d'Hergé
C'est un document signé en 1942 par Hergé lui-même qui sème le trouble. Ce document précise qu'Hergé cède les droits sur les textes et vignettes de tous ses albums à l'éditeur Casterman. Le document lui-même n'est pas contesté par la société Moulinsart. Il a été produit par un expert anonyme à la demande d'une association néerlandaise de fans de Tintin, association était pousuivie par Moulinsart SA pour avoir reproduit pour ses membres des vignettes tirées des albums d'Hergé. Moulinsart SA, qui veut exercer un contrôle absolu sur tout ce qui se publie sur ou autour de Tintin, demandait aux juges de condamner l'association.
Et donc les juges néerlandais ont refusé la demande de Moulinsart SA ?
Oui, selon ces juges Moulinsart n'a pas à demander quoi que ce soit et ne peut pas décider qui peut publier ou pas des images tirées des albums puisqu'Hergé lui même a cédé les droits à son éditeur. C'est un sacré revers pour Moulinsart SA, réputée inflexible. Ce jugement pourrait également coûter cher aux héritiers d'Hergé. On peut imaginer que tous ceux qui payaient jusqu'à présent des droits à Moulinsart SA ne voudront plus le faire. Plus encore, tous ceux qui se sont vus réclamer de l’argent pour l’utilisation de vignettes des albums de Tintin, aux Pays-Bas ou ailleurs dans le monde, pourraient réclamer demain le remboursement de ces sommes auprès de Moulinsart SA. Enfin, on ne sait pas non plus si cette décision peut changer les relations entre l'éditeur Casterman et Moulinsart SA. L'éditeur se montre pour l'instant très prudent sur la portée de ce jugement. Il affirme surtout vouloir retenir les bonnes relations entretenues jusqu'ici avec Moulinsart.
Qui gère aujourd'hui les droits et l'héritage d'Hergé ?
Les droits sur les albums appartiennent à Casterman. Pour le reste, c'est Fanny Vlamynck, la seconde épouse et veuve d'Hergé qui gère l'héritage avec son nouveau mari le britannique Nick Rodwell. L'homme d'affaires occupe le poste d'administrateur délégué de la société Moulinsart. De fait, c'est lui qui dirige tout, et il est souvent critiqué pour sa manière très agressive de défendre l'héritage laissé par le dessinateur. Il faut dire que les Aventures de Tintin représentent encore une véritable rente pour ne pas dire un pactole, avec plus d'un million d'albums vendus par an et des droits juteux perçus sur les adaptations et les produits dérivés. Mais l'œuvre d'Hergé devrait tomber dans le domaine public en 2054, soixante-dix ans après sa mort.
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