Expliquez-nous... la baisse des effectifs chez Areva
Parce que c'est la conséquence d'un vaste plan de restructuration engagé par Areva, car le géant industriel tangue sérieusement. On peut même dire que pour Areva, tous les voyants sont au rouge. Le groupe (détenu à 87 % par des capitaux publics) croule sous les dettes et les pertes. Des pertes colossales de prés de 5 milliards en 2014 mais en fait sur quatre ans, le groupe a accumulé prés de huit milliards de pertes qu'a accumulé le groupe.
Fragilisé financièrement, Areva l'est aussi industriellement ?
En fait depuis la catastrophe de Fukushima, le marché du nucléaire n'est plus ce qu'il était, il a considérablement ralenti.
Résultat, l'année dernière, Areva n'a vendu aucune centrale classique, seulement deux réacteurs EPR au Royaume-Uni.
Le chiffre d'affaires du groupe a ainsi chuté de un milliard d'euros, d'autant que comme les centrales nucléaires japonaises mettent du temps à redémarrer, cela prive Areva d'une part non négligeables de ses activités liés à la maintenance des réacteurs nippons. Mais au-delà de ce ralentissement dans le nucléaire, Areva paie aussi certains choix stratégiques des années 2000, notamment celui de l' EPR. En Finlande, le groupe avait ainsi décidé de construire pour la première fois, un réacteur complet via un contrat clé en main qui fait supporter au groupe tous les dépassements.
Le résultat est calamiteux: au moins neuf ans de retard sur ce chantier et une perte sèche évaluée à prés de quatre milliards.
Quant au chantier de l' EPR français, à Flamanville, lui aussi accuse de gros retards et une anomalie a en plus été récemment détectée sur la cuve. Des pertes, Areva en connait aussi a cause de ses activités minières et notamment à cause de catastrophique acquisition d'Uramin en 2007.
Au final, Areva aujourd'hui, ce sont donc des contrats en moins et des pertes en plus. Une équation très délicate pour Areva qui apparait désormais comme un groupe surdimensionné par rapport à son marché.
Les difficultés d'Areva, ce sont aussi les conséquence d'une crise de gouvernance ?
En tout cas, le départ d'Anne Lauvergeon s'est fait dans un climat délétère. On se souvient que la patronne d'Areva surnommée Atomic Anne avait été évincé de la direction de l'entreprise, par Nicolas Sarkozy en 2011.
C'est le numéro deux du groupe Luc Oursel, qui a alors pris les commandes,jusqu’à sa mort fin 2014. La gouvernance du groupe a été remise à plat, il y a désormais un binôme à la tète d'Areva: Philippe Knoche, le directeur général et Philippe Varin, le président du conseil d'administration nommé en janvier et déjà au cœur d'une polémique pour sa retraite chapeau. Lorsqu' il était aux commandes de PSA. Un autre géant industriel en difficulté.
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