Expliquez-nous... La longue histoire des réformes du baccalauréat
Alors que le ministre de l'éducation lance des concertations en vue d'engager une réforme en profondeur du baccalauréat, franceinfo se penche sur l'évolution et les très nombreuses réformes qu'a connu cet examen auquel les Français sont très attachés.
L'histoire des réformes du baccalauréat est aussi ancienne que le baccalauréat lui-même et a donc deux siècles. Le décret instaurant le bac date de mars 1808, sous Napoléon 1er.
Il y avait en 1809 31 bacheliers. Le bac se passait exclusivement à l'oral, en grande partie en latin. On trouve, entre 1808 et 1937, 1361 textes officiels relatifs au bac.
La première grande réforme date de 1820, onze ans seulement après les premières épreuves. Un nouveau réglement des épreuves apparaît en 1840.
La réforme de 1874 a elle scindé le bac en deux parties à passer à un an d'intervalle.
Le système de notation sur 20 remonte à 1890. Avant cela, le bachelier était noté par boules de couleurs transmises par l'examinateur et qui s'additionnaient: rouges -faborables à l'obtention-, blanches -abstention- ou noires -défavorables-.
Démocratiser le bac, spécialiser les élèves
Ce qui a surtout fait évoluer le baccalauréat est l'augmentation constante du nombre de bacheliers: 7.000 en 1890, 37.000 en 1926, 237.000 en 1970., près de 642.000 cette année.
A partir de 1963, l'oral devient réservé aux seuls candidats n'ayant pas été reçus à l'écrit, sous réserve d'avoir plus de 7/20 de moyenne. La dissociation en 2 parties est abandonnée.
C'est en 1968 que sont instaurées les filières: A, B, C, D, E ainsi qu'un bac technologique.
A partir du milieu des années 70, dans la foulée de la loi Haby sur le collège unique, les tentatives de réforme se focalisent sur l'accès du plus grand nombre au bac -objectif de 80% d'une classe d'âge lancé par Jean Pierre Chevènement en 1985- tout en permettant une différenciation des parcours.
C'est aussi en 1985 qu'apparait le baccalauréat professionnel.
En 1993 sont instaurées les trois grandes séries du bac général: L -littéraire- ES, -économie et social- et S -scientifique- avec tout un système d'options. Apparaissent également des exercices plus techniques, axés sur la capacité à argumenter, ou à expérimenter.
2005: Le recul de François Fillon sous la pression des lycéens
En 2005, une grande réforme du baccalauréat est envisagée par François Fillon, alors ministre de l'éducation. Le projet était de ne garder que six matières et faire évaluer les autres via un contrôle continu. Il est finalement abandonné après la mobilisation de lycéens dénonçant "une éducation au rabais".
Même cause mêmes effets trois ans plus tard pour le projet de Xavier Darcos qui prévoyait la mise en place d'un tronc commun pour le bac avec options.
Ce que montre l'histoire du diplôme est l'attachement à ce qu'il représente: Bacca Laurea, cette baie de lauriers qui récompense l'effort fournit et ritualise, depuis Napoléon, le passage de l'adolescent lycéen à l'adulte universitaire.
Rappelons aussi ces mots de l'historien Gaston Boissier en 1899: "Les élèves trouvent le baccalauréat trop fort, les professeurs le trouvent trop faible ; il inquiète ceux qui le passent, il ennuie ceux qui le font passer. C'est un ensemble de colères contre lesquelles on a grand peine à lutter".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.