Expliquez-nous l'histoire du "Belem"

Le Vieux-port est en effervescence, mercredi. Le Belem va accoster à Marseille, avec à son bord la flamme olympique. Partie d'Athènes, samedi 27 avril, la flamme sacrée va ainsi pouvoir entamer son tour de France. Mais pourquoi parle-t-on autant du "Belem" ?
Article rédigé par Pierre-François Plessis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Belem fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 27 février 1984. (DOMINIQUE ANDRE / MAXPPP)

Le fameux navire, qui arrive mercredi 8 mai avec la flamme olympique à Marseille, est un miraculé. Long de 58m, avec trois mâts, 22 voiles et 10 kilomètres de cordages, le Belem est mis à l'eau pour la première fois à Nantes en 1886. Il entame sa première vie comme navire de commerce.

Dès sa première traversée, le Belem échappe de peu au naufrage. Le vent, la houle puis un incendie frappent le voilier, tuant au passage la totalité des mules qui constituent sa marchandise. Les dégâts sont tels qu'on envisage alors de le déclarer comme épave. Mais il est finalement réparé et reprend la mer.

De voilier de commerce à navire de luxe

Six ans plus tard, nouveau miracle. En 1902, Le Belem traverse l'Atlantique depuis le Havre jusqu'en Martinique, mais il est en retard, sa place au port de Saint-Pierre est déjà prise. Le navire doit alors mouiller de l'autre côté de l'île, ce qui le sauvera. En effet, quelques heures plus tard, la montagne Pelée entre en éruption. C'est une véritable catastrophe, 30 000 personnes périssent et le port de Saint-Pierre est entièrement détruit.

Avec l'évolution des transports, sa carrière de navire de commerce s'arrête en 1914. Au début du XXe siècle, l'essor des bateaux à vapeur envoie progressivement les voiliers au rebut. Mais là encore, le Belem va échapper à une fin certaine. Il est racheté par l'homme le plus riche d'Angleterre, le duc de Westminster. Le trois-mâts entame alors une deuxième vie, cette fois comme navire de luxe. D'abord sous pavillon britannique, il passe sous pavillon irlandais en 1921, en étant racheté par Ernest Guinness, fils du magnat de la célèbre brasserie. Son nouveau propriétaire le rebaptise "Fantôme II".

Abandonné à Venise dans un piteux état

Survient alors la Seconde Guerre mondiale. Ernest Guinness pense le mettre à l'abri sur l'île de Wight. Mais malgré ça, le bateau est touché par les bombardements allemands. Heureusement, sans trop de gravité. Il est remis à l'eau à la fin du conflit puis revendu en 1951 à un industriel vénitien, qui décide de le transformer en bateau-école renommé Giorgio Cini.

Mais à la fin des années 60, le bâtiment est jugé trop vétuste et finit abandonné à quai. Il doit son salut à un médecin français, Luc-Olivier Gosse, qui le remarque, et le fait revenir en France où il reprend son nom d'origine. Le Belem est alors classé monument historique, ce qui permet de financer sa remise en état. Il devient alors la passion des amateurs de voile et accueille régulièrement des participants souhaitant découvrir la navigation à bord d'un grand voilier du XIXe, pour des séjours de plusieurs jours.

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