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Exliquez-nous... la chienlit

Nicolas Sarkozy a vu dans les incidents de lundi à Air France une manifestation de la "chienlit" et du "délitement de l'Etat". Retour sur une expression utilisée par De Gaulle mais très ancienne.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Le terme "chienlit " désigne initialement un personnage typique du carnaval de Paris. D'abord  féminin et orthographié en trois mots  "chie en lit"  comme "chie au lit". C'est donc celui qui défèque au lit. 

Le costume de ce personnage de carnaval était une chemise de nuit avec le postérieur barbouillé de boue ou de moutarde. Il faut savoir que le carnaval de Paris a été l'un des plus importants carnavals du monde et une très grande fête populaire jusqu’à à la Seconde Guerre mondiale et ensuite quasiment totalement oublié. Des écrivains comme Balzac, Hugo ou Zola ont utilisé ce mot pour designer soit ce personnage de carnaval ou quelqu'un qui y ressemble.

Car, très vite, ce mot de chienlit, ce personnage de carnaval à la chemise souillée pas très propre convient parfaitement comme métaphore pour décrire la pagaille le désordre, la saleté. Chienlit hors contexte de carnaval devient totalement péjoratif. 

 

Et comment ce mot est arrivé en politique ? 

C'est Georges Pompidou qui a prêté au général de Gaulle le choix de ce mot en 1968.  Le 19 mai à la sortie du conseil des ministres de Gaulle aurait affirmé :  "La réforme, oui, la chienlit, non ".  Et même s'il n’a pas été le premier à l'employer, aujourd'hui quand on pense chienlit on pense général de Gaulle. Le pays est presque totalement bloqué. La chienlit, c’est le désordre de l’Etat, une pagaille insupportable pour le général.

En retour, lors des manifestations qui vont continuer des slogans des tracts et des affiches contestataires lui répliquent : "La chienlit c'est lui ". Depuis, et particulièrement à droite, le terme revient régulièrement dans la bouche des hommes politiques. François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, Jean-Louis Debré ont utilisé le mot. 

Il est aussi employé à gauche : Laurent Fabius ou encore Daniel Vaillant l'ont également utilisé. Et tous pour dénoncer une supposé pagaille, un désordre de l'Etat.

 

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