En un mot : Madame Érignac, la dame à l'écharpe bleue et à la gorge nouée
Le mot de l'actu du jour est préfet. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.
Préfet, mot qui vient du latin praefectus, signifiant "celui qui a été mis à la tête de". Claude Érignac fut l’homme à la tête d’une mission complexe, la mission corse. Il en paya le prix fort. Vingt ans après, son souvenir est ancré sur une place. Une place au décor simple. Une plaque. Un olivier. Des murs couleur pastel. Des fleurs. Un ruban tricolore.
"Lieu maudit"
Debout, une dame avec une écharpe bleue. La dame à la voix tremblante pleure de l’intérieur. Les larmes ne couleront pas. Elles l’ont sans doute trop fait. La dame revient dans ces rues d’Ajaccio, sur ce lieu qu’elle appelle le "lieu maudit". Ce lieu, c’est une avenue. Une rue en fait. Une pente en réalité. Un kilomètre. Ce soir-là, le préfet dépose sa femme devant le théâtre, va garer la voiture. "À toute à l’heure", lui dit-il. Elle ne le revit pas. C’était il y a 20 ans. Un préfet a laissé sa peau sur ces chemins de Corse. Trois balles dans la tête, tirées par derrière, à bout portant. Chemins de Corse battus par une histoire de combats et de bombes. Chemins de sang. "La page n’est pas tournée. Comment pourrait-elle l’être alors qu’elle est tachée de sang ?", clame la veuve à l’écharpe bleue.
Des mots qui s’accrochent à une autre histoire : celle d’hommes, de Corses, qui ont combattu pour la France et non contre elle. Comment faire la boucle ? Comment ressusciter le lien après cet assassinat d’un préfet ? Sur cette place de sang, Emmanuel Macron, l’homme du "en même temps", a tenté de raviver ce lien. Il a parlé des Corses qui ont libéré la France pendant la Seconde Guerre mondiale, de la Corse, "premier territoire libéré", de ces Corses, de "vrais résistants". Mais aussi, de leur "dignité", de leur "fierté", "salie". Un "en même temps" de courte durée. Très vite rattrapé par ce sang d’un préfet qui ne sèchera jamais.
En un mot
Le préfet Érignac a été tué il y a 20 ans. C’était un autre siècle. On l’espère.
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