En un mot : les combattants pour les droits des réfugiés voient rouge
Le mot de l'actu du jour est : circulaire. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.
C'est le texte de toutes les discordes. Même au sein de la majorité, la circulaire destinée à recenser les migrants à l'interieur des centres d'hebergement d'urgence étrangle. Le mot du jour est donc : circulaire. Mot qui vient du latin Circulus, qui signifie cercle. Le but de ce texte controversé, explique le gouvernement, est de faciliter la distinction entre les différents réfugiés. Faciliter les démarches. Le but, selon les associations, est de faire un tri sélectif. "Tout cela est dégelasse", s’insurge le prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave le Clezio, dans le magazine L’Obs. Journal qui, cette semaine, se fait le porte-parole de la contestation, choisissant de faire sa couv’ avec le visage du président de la République, avec des barbelés. Le titre : Bienvenue au pays des droits de l’homme... Une couv’ hardcore.
Retour en 1996
Le débat se durcit et flotte un air de déjà vu. Il y a 20 ans, les forces de l’ordre déboulaient dans une église du 18e arrondissement de Paris. Personne n’a pu oublier cette image folle : des CRS brisant la porte d’entrée d’un lieu de culte, avec une hache. La photo, a la Une de Libération, a fait le tour du monde. En titre : Avec humanité. Et cœur… On est en 1996, au mois d’août, il est près du 8h du matin. Des gaz lacrymogènes sont balancés par des hommes en arme. Ils dégagent la fragile barricade composée de bancs en bois. Ils entrent. Puis, silence. Tout le monde est atterré, interloqué. Emmanuelle Béart tient un enfant dans ses bras. Le but : vider l’église des 200 migrants accueillis à l’intérieur. L’ordre a été donné par le locataire de la place Beauvau.
Beaucoup n’en ont pas cru leurs yeux et y pense encore. Comme le curé de la paroisse, qui était en train de lire Martin Luther King, à haute voix… I have a dream. Il a raconté récemment que la veille, le porte-parole des sans-papiers lui avait assuré qu’une issue positive était proche. Une régularisation… Ababacar Diop y croyait. Il avait cru Jean-Louis Debré, le ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac. Quelques mois plus tard, des centaines de citoyens avaient signé des pétitions contre un texte (une sorte de circulaire). Non, ils ne dénonceront pas des sans-papiers venus dormir chez eux, jamais ! Depuis, de circulaire en circulaire, on tourne en rond. Alors quand Emmanuel Macron explique que sa circulaire n’est pas destinée à dénoncer mais à faciliter, beaucoup ne le croient pas.
En un mot : l’errance, en matière d’immigration, n’a que trop duré. D’églises défoncées en appel à la délation, d’abris de fortune détruits en quotas d’expulsions, de textes en circulaires… plus rien ne passe.
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