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En un mot. La gastronomie, en mode festival bobo-bio

En un mot, c’est le mot de l’actu du jour. Celui qui n’échappe à personne. En tout cas, pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un banquet bio, dans le cadre d'une fête de la gastornomie. (MAXPPP)

Le mot du jour, vendredi 22 septembre, c'est gastronomie. Pendant trois jours, c'est la Fête de la Gastronomie, et les dingues de la sacro-sainte bouffe vont courir de banquets en ateliers. Fatiguée d'avance...

Gastronomie vient du grec gastêr, qui signifie "ventre, estomac". La gastronomie est "l’art de régler son estomac". Et j’ajouterais, l’art de régler la note, parfois salée… C’est sympa tout ça. Mais bon, comme le décrivent les intellos de la bouffe, ça s’adresse plutôt à l’élite.

Car dans l’histoire de la gastronomie, à présent érigée en culture voire en science, il n’est pas question de se nourrir, mais bien de faire sensation en créant un repas destiné à recevoir les autres, à les épater. Pour résumer, c’est une manière d’être dans son temps : en 2017, si tu ne parles pas bouffe-bio-bien-vivre-ensemble, t’as raté ta vie. Comme le disent, une fois encore, ces intellos de la nourriture, on n’est pas là dans une raison vitale, celle de manger, mais dans une autre raison, devenue vitale : être bouffovore du matin au soir ! En faire une raison de vivre, et non pas de se nourrir.

Banquet "populaire"

Dans le programme de la Fête de la Gastronomie, on va vénérer allègrement le commerce de la bouffe. Peu de rendez-vous avec des petits producteurs… Le grand leader de cette fête, c’est Rungis. Le président de cette manifestation n’est autre que le patron de la Halle de Rungis. On vous propose, par exemple, un banquet devant lequel vous extasier (car dans la vénération gastronomique, il y a une règle : vénérer, payer, mais aussi se taire, ne pas critiquer – sauf si t’es un pro de la critique !). Un banquet de… 600 personnes. Une idée assez rigolote, qui se veut populaire, mais à… 30 euros !

Au Food Temple (pas pardon, pour l’anglicisme), dans le quartier République, à Paris, des dizaines de chefs vont vous concocter un banquet Relais&Châteaux, avec une soupe de pistou, des petits farcis et un risotto d’épeautre (aaah, l’incontournable épeautre), et une variation autour du citron. J’entends déjà ma mère hurler à l’imposture : 30 euros ? Mais c’est scandaleux ! Surtout avec une soupe au pistou ! Tout le monde peut en faire une ! (Je le souligne : ma mère, extraordinaire cuisinière qui sait tout faire avec trois bouts de rien, comme ma grand-mère le faisait pour 15 personnes midi et soir).

Et surtout, nous dit-on dans le programme : n’oubliez pas d’arriver "plusieurs" heures avant le festin ! Sinon, vous pouvez toujours aller déguster des macarons, au parc Monceau à Paris… sympa s’il fait beau. Sauf que, en général, c’est la ruée, Il n'y en a pas pour tout l’monde !

En un mot ? La Foodmania est une maladie de l’estomac, qui vous fait courir dans tous les sens, qui peut gagner votre cerveau, et atteindre gravement vos neurones.    

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