En un mot. Foutre le bordel, c'est mal
Le mot du jour, est bien évidemment : bordel. Ce mot qui, désormais, va coller à la peau d'Emmanuel Macron. Mot qu'il a prononcé en aparté, pour enjoindre des futurs chômeurs à chercher du boulot au lieu de "foutre le bordel". Le cercle des poètes vraiment disparus.
Bordel. Qui vient de : borde. Mot apparu en 1200 et qui signifie "cabane" là où les marins se rendaient, pour s’adonner à leur plaisir caché. Un mot entré dans la littérature au 19ème siècle. Et qui décrit aussi la saleté, les gens sales. Beurk. Ces gens sale… pas fichus de déménager à 140 kilomètres pour garder leur boulot ! Au lieu de ça… ils font quoi ? "Ils foutent le bordel !" (Pardon ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Président de la République, en personne.)
Foutre le bordel. J’entends des voix, depuis ce matin, qui disent : "est-ce si grave ?" On le dit tous, "foutre le bordel". C’est vrai, ça se dit. D’ailleurs, je crois que ce soir, quand je verrai mon fils, qui reviendra de l’école de la République, il le dira. Ah je vois déjà son œil malin, cette envie des enfants de 7 ans de dire, de lâcher les mots. Je le vois, avec son sourire de traviole, s’en lécher les babines. Retenir sa langue. Puis, me lancer : "Maman, alors on peut foutre le bordel ?"
Imaginons un élève le dire à sa prof
Et attendre, ma réaction… qui ne tardera pas à venir. D’abord un redressage, en bonne et due forme. Puis, forcément une explication de texte, du texte du président de la République. Je sais, par avance que ça ne rentrera pas dans sa tête, que le mal sera fait. A l’école, imaginons un élève dire à sa prof : "Je vais foutre le bordel." Je pense que cet enfant risque gros. Au minimum, une convocation de lui, peut-être des parents. On va lui dire de se ressaisir, de se maîtriser. Dans nos écoles de la République, on exige (dans des classes bondées à craquer) le respect des valeurs, et la maîtrise de soi.
Ça sert à ça, d’ailleurs, l’école. Pas uniquement à apprendre à lire et à écrire. Ça sert à se diriger, à dire, et aussi à retenir ses mots. "Foutre le bordel". Cet assemblage de mots n’est pas si grave, en soi. Sauf que cela crée un précédent, dans la tête des gens. Dans un contexte social très tendu, où beaucoup ont tout simplement peur de perdre leur travail, ce genre de terme prend de l’épaisseur.
En un mot : parce qu’il faut nommer les choses, je vous le dis : "bande de fainéants, cessez de foutre le bordel, sinon je vous traiterai comme ceux qui ne sont rien."
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