En un mot. En Syrie, une longue mort qui n'en finit plus
Le mot de l'actu du jour est : guerre. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.
Guerre. Mot qui vient du latin "bellum" et du grec "polemos". Une guerre sans chef n’existe pas. Une guerre sans chiffre n’existe pas non plus. Un conflit a besoin de se manifester au travers de décomptes macabres. En Syrie, c’est le chiffre sept. Sept, comme sept ans. Sept ans que dure le conflit. Sept, comme sept millions de réfugiés. "Le compte est bon" comme on dit dans Des chiffres et des lettres. "Pas mieux" lance alors un candidat qui manifestement a peur de perdre. Après, il faudrait trouver le mot le plus long. "Ça pourrait être : bombardement". Douze lettres, c'est pas mal. Ou bien, il y a le mot "civil". Ah non, c’est trop peu, il n’y a que cinq lettres pour ce mot. Avec "civil", c'est impossible de gagner. Ça, on l’avait compris. Avec "pertes", non plus. Avec "enfants", pas mieux. Avec "viol" ? Non, ça ne fait que quatre lettres, ce n’est pas assez de points. On peut essayer "cri". Non, beaucoup trop court, ça ne rapporte pas. Allez, vous avez perdu et vous avez gagné le droit de vous taire, bande de Syriens !
Les chiffres de la guerre
On passe aux chiffres, vingt, comme vingt pays dans la coalition derrière l’Amérique. 20.000, comme le nombre d’enfants tués, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Même si certains accusent les chiffres d’être manipulés, tous les reporters revenus de Syrie disent que les enfants meurent par milliers. Je les crois. Point barre. Un autre chiffre, peut-être ? Attention, on joue toujours, ne vous déconcentrez pas, s’il vous plait. 50. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance parle d’une augmentation de 50% du nombre d'enfants tués en 2017 par rapport à 2016. Encore un chiffre ? Oui, le trois. Ah, ça ne fait pas beaucoup. Oui, mais c’est 3 millions. Selon l'Unicef, 3 millions 300.000 enfants sont exposés aux engins explosifs en Syrie.
En un mot : cessez de compter, ça suffit. On a franchi la ligne rouge du jackpot des morts, depuis longtemps en Syrie. Les chiffres et les lettres n’ont plus de sens.
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