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En route vers Paris 2024. Un entraînement sous garrots

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, vient d'être sélectionnée pour les JO de Tokyo. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un athlète de haut niveau.

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Cécilia Berder à l'INSEP lors d'une séance de BFR. (CECILIA BERDER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Dans notre vie d'athlète, on rencontre pas mal de douleurs. Les classiques courbatures se gèrent au quotidien. Les plus discrètes, ampoules, ongle retourné ou coup mal placé, peuvent être parfois sournoises. Les plus graves demandent une opération ou un arrêt d'activité.

Mais j'ai découvert il y a quelques mois la plus fourbe, ou en tout cas la plus mentalement intense, sur une courte durée : le BFR (blood flow restriction). Autrement dit, restriction du flux sanguin.

Le principe est simple, c'est un entraînement en occlusion. Des bandes se gonflant d'air viennent créer un garrot sur les membres à travailler. Par cette compression, on perd toute sensation de force. Le muscle ne reçoit plus d'oxygène et soulever 10 kilos ou même soulever son propre poids devient une souffrance. Les jambes deviennent quasiment violettes et plus les répétitions du mouvement s'enchaînent plus la douleur augmente.

Pourquoi ?

L'entraînement en occlusion possède de nombreux avantages. Cette technique permet de gagner en force sans user nos articulations déjà bien fatiguées.  On peut ainsi continuer de s'entraîner malgré des douleurs.

Cette compression vient créer un stress métabolique qui permet une croissance musculaire mais sans créer de traumatisme pour l'articulation. Pour la rééducation après une opération ou pour les personnes plus âgées, cette technique est aussi très efficace. Le tout, évidemment, en étant bien surveillé par un professionnel de santé.

Si cette technique est nouvelle pour moi, elle n'est pourtant pas si récente car elle a été inventée dans les années 60 par le scientifique japonais Yoshiaki Sato sous le nom de méthode Kaatsu. À quelques semaines des Jeux de Tokyo, s'inspirer de la culture nippone est un bon début d'acclimatation.

Une fois les bandes de compression enlevées, le plaisir est immense. C'est encore plus jouissif que d'enlever des chaussures de ski trop petites. Même si la séance est souvent brutale physiquement, une fois les garrots retirés, c'est comme si de rien n'était. Les jambes reprennent une couleur normale, vos muscles ne crient plus de douleur et on peut reprendre le cours d'une vie moins à l'étroit.

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