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En route vers Paris 2024. Du carnet d'entraînement au numérique

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, est en pleine sélection pour les JO de Tokyo, des Jeux aujourd'hui reportés à 2021. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un athlète de haut niveau.

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
A la fin de chaque entraînement, les athlètes de l'INSEP doivent remplir  un questionnaire sur l'application Athlète360, développée par le pôle performance de l'INSEP. (CECILIA BERDER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Une application est venue apporter de la nouveauté dans notre quotidien de sportif. Le dispositif "Athlète 360", développé par le pôle performance de l'INSEP, a pour but d'analyser l'athlète sous tous les angles en apportant un suivi longitudinal.

Après le gainage et les étirements, une nouvelle routine est en train de se mettre en place au sein de notre collectif. Nous devons remplir l'application Athlète 360. On doit le faire tous les matins, dans les 30 minutes après le réveil. Un questionnaire "Wellness" (bien être) d'une minute apparaît. Dans un premier temps, le sportif doit indiquer son heure de coucher et son heure de lever. Ensuite, il note de 1 à 10 son sommeil, son ressenti, son niveau de fatigue et sa motivation. Lors de la dernière étape du matin, un squelette apparaît et l'athlète clique sur les zones du corps si une douleur inhabituelle est ressentie.

Dans un second temps, l'application nous demande d'évaluer, toujours de 1 à 10 et à la suite de chaque entraînement, la difficulté physique et la difficulté technique de la séance. Il est important de répondre à ce questionnaire à la suite de l'entraînement. Le faire après la douche ou après avoir mangé peut faire considérablement chuter l'intensité ressentie.

L'individualisation au cœur de ce suivi

Pour Bertrand Daille, un des responsables de cette application du pôle performance de l'INSEP, l'objectif de cet outil réside dans une meilleure individualisation des programmes d'entraînement et une meilleure prévention des blessures. Pour les épreuves de course (athlétisme, natation...), une prédiction de performance peut aussi être envisagée.

Au delà du fait de connaître l'état physique et psychique de l'athlète (wellness), l'application permet de mesurer l'intensité d'un entraînement, plus connu sous le nom de RPE (Rate of Perceived Exertion ). Chaque sportif ne répond pas de la même manière à une charge d'entraînement. Quand un coach programme une séance dure, la RPE vérifie si l'athète l'a ressentie comme cela.

Pour certains pôles (judo, lutte...), un suivi du poids est proposé par Athlète360. Pour faciliter la récolte de données, l'application peut aussi se connecter à un GPS ou à un cardio fréquence mètre.

La bascule du papier au numérique

"La performance est multi-factorielle, souligne Bertrand Daille. Nous devons nous servir des bases de données au sein de l'Insep. Les données peuvent provenir des laboratoires de recherche, des fédérations, du médical, du scolaire, du suivi socio-pro. L'objectif consiste à centraliser au mieux ces informations et à accompagner les entraîneurs dans le suivi. Cette application se veut être la prolongation du carnet d'entraînement."

Bertrand Daille me l'assure : "Nous n'avons rien inventé. Dans les pays anglo-saxons, la collecte de données existe depuis 20 ans, il n'y a rien de neuf." En France, la bascule entre les carnets d'entraînements et le numérique a été plus longue. Les responsables du pôle performance gardent une vraie vigilance à ne pas répéter les erreurs de certaines équipes professionnelles, en allant trop loin dans la captation de données. Pour l'ingénieur, "une donnée perçue a forcément une finalité. Si il n'y a pas de finalité, on ne captera pas la donnée." 

Améliorer la communication entre sportifs et entraîneurs

Bien au-delà de connaître les horaires de coucher et de lever, cette application reste l'opportunité de créer une discussion entre entraîneurs et entraînés. Elle apporte, par un nouveau biais, de nouveaux éléments qui favorisent l'échange. 

Les coachs gardent la main sur la programmation mais ils doivent analyser les données captées. Si le sportif exprime une douleur, un mal-être ou une lassitude via l'outil numérique, le manager doit échanger avec son athlète pour ne pas laisser une sensation de non-écoute.

Une vision sur le long terme

Cette nouveauté, composante essentielle d'un entraînement, ne pourra fonctionner que si chaque partie prenante s'implique. L'entraîneur, par sa capacité à réaliser des retours et à adapter ses séances, le sportif, par son sérieux à répondre quotidiennement et sur le long terme, restent les pièces maîtresses du bon fonctionnement de l'application.

Enfin, le dispositif permet de revenir concrètement sur l'état et l'évolution de chaque athlète. Les données restent plus fiables car peu transformées par la mémoire.

Dans cette vision holistique réside évidemment une optique sur les Jeux de Paris 2024. Plus l'application aura des données précises sur un athlète et sur le long terme, plus la performance sera optimisée, et plus le sportif pourra s'entraîner fort, jouer avec ses limites sans passer par la case blessure.

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