Un an après la COP24, la Pologne n’a pas réduit sa dépendance au charbon
Si dans les discours du gouvernement, on entend parler d’énergie solaire, de gaz ou de nucléaire, dans les actes, la Pologne n’est pas du tout prête à se passer de son or noir, au contraire.
Alors que la COP25, la grande conférence des Nations Unies sur le climat, débute lundi 2 décembre à Madrid, la région de la ville d’accueil de la conférence précédente, Katowice, au cœur de la région des mines de charbon, en Pologne, se semble pas s’être débarrassée de sa réputation de zone la plus polluée d’Europe. Un an après, la Pologne n’a en effet pas vraiment réduit sa dépendance au charbon. Et si dans les discours du gouvernement, on entend parler d’énergie solaire, de gaz ou de nucléaire. Dans les actes, la Pologne n’est pas du tout prête à se passer de son or noir. Au contraire.
40 % des Polonais se chauffent encore avec un poêle individuel
Plusieurs projets d’exploitation de nouveaux gisements charbonniers sont à l’étude dans le sud du pays, en particulier en Silésie, autour de Katowice. Ce charbon est d’abord destiné au chauffage domestique : environ 40 % des Polonais se chauffent encore avec un poêle individuel. Par ailleurs, le minerai alimente aussi les centrales, qui produisent aujourd’hui plus de 80 % de l’électricité du pays. Et là encore, ce n’est pas prêt de changer. Une nouvelle centrale à charbon est en ce moment en cours de construction au nord de Varsovie.
Y a-t-il tout de même quelques initiatives, des politiques pour inciter les habitants à moins polluer ? Il existe un programme. "Czyste Powietrze", Air pur, financé en partie par l’Union européenne : 103 milliards de zlotys, près de 25 milliards d’euros d’ici 2029. Ce sont des subventions versées aux habitants pour les aider à changer leur chauffage. Remplacer leur poêle, trop vieux et donc trop polluant, par un nouveau poêle, par des panneaux solaires ou photovoltaïques. Améliorer aussi l’isolation de la maison ou de l’appartement.
"Air pur" ne fonctionne pas du tout
Procédures et formulaires trop complexes, bureaux chargés de traiter les dossiers complètement débordés... Seuls 20 000 subventions ont été versées en un an selon une ONG environnementale. L’Union européenne, qui finance le programme, en espérait 400 000. Elle menace d’ailleurs de se retirer d’Air Pur.
Pire : en juin dernier lors d’un sommet européen, la Pologne, aux côtés de la Hongrie, la République Tchèque et l’Estonie, a refusé de s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Raison officielle invoquée par le Premier ministre polonais : une politique climatique trop ambitieuse et drastique ferait beaucoup de mal à l’économie et aux emplois polonais. Notamment dans l’industrie du charbon. À noter quand même : le mois dernier, l’exécutif a annoncé la création d’un nouveau ministère, celui du climat. Avec à sa tête l’ex-président de la COP24 de Katowice, plutôt engagé sur les questions environnementales.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.