La Laponie suédoise en pleine révolution industrielle pour produire les batteries de nos futures voitures électriques
Depuis plusieurs mois, les industriels investissent cette région près du cercle polaire, plus connue pour ses espaces sauvages que pour son potentiel économique.
La Laponie suédoise, une région grande comme un tiers de la France, connue pour ses grands espaces, ses forêts, ses élevages de rennes, est en pleine mutation. Les villes se transforment pour accueillir des usines dédiées à la voiture électrique.
Une méga-usine de batteries
Skelleftea, petite commune de 73 000 habitants située dans le comté de Västerbotten, est en pleine effervescence. Près de 5 000 logements doivent être construits d'ici à 2025, 5 000 autres avant 2030, plus toute la voirie, les écoles, les équipements qui vont avec. La raison, c’est l’ouverture prochaine par Northvolt d’une méga-usine de batteries pour le marché de la voiture électrique. Cela va d’abord concerner 3 000 salariés, sans compter les sous-traitants. Le bâtiment est désormais considéré comme la plus grande usine jamais construite en Suède, l’équivalent de ... 71 terrains de football.
Mais la transformation du nord de la Suède ne s'arrête pas à cette usine aux dimensions hors-norme. Dans la même région, on construit des centres de données, une ligne de chemin de fer, des aciéries qui vont fonctionner à l’hydrogène. "C’est exceptionnel !, réagit Mox Murugun, de l’agence de développement du comté voisin de Norrboten. On a besoin que plus de gens viennent habiter ici. Traditionnellement en Suède, les ressources étaient au nord, mais la production et l’industrie étaient au sud. Il va falloir mettre la carte du pays à l’envers". En tout, 100 milliards d’euros d’investissements sont attendus dans les 25 prochaines années.
La Laponie, terre ancestrale des Samis
Difficile au premier abord de comprendre ce que cette région aux marges de l’Europe, près du cercle polaire, a de si précieux pour les industriels. Mais la Laponie suédoise dispose d’un atout capital : ses fleuves. Ils produisent une électricité abondante, régulière, sans émettre de CO2 et surtout très accessible. "Cela demande énormément d’énergie de construire des batteries, explique Jesper Wigardt, porte-parole de Northvolt à Stockholm. Le nord de la Suède offre une des électricités les moins chères du monde, avec l’empreinte la plus faible possible".
Surtout qu'en Laponie, il n’y a pas que cet or bleu. On y trouve des minerais, des terres rares et de l’espace pour s’installer. Le problème, c’est que c’est aussi la terre ancestrale des Samis, dernier peuple autochtone d’Europe. Ces fameux éleveurs de rennes sont, pour leur part, très inquiets de l’impact qu’aura cette révolution industrielle – même si elle est désignée comme une révolution verte - sur l’une des dernières régions sauvages d’Europe.
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