"Il y en a marre de devoir aborder les mêmes questions d’année en année" : au Canada, les peuples autochtones espèrent enfin des avancées
José Francisco Calí Tzay est le rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones de l’ONU, il est en visite au Canada, jusqu'au vendredi 10 mars, où il rencontre des représentants des Premières Nations, Inuit et Métis. L'objectif de son mandat est de faire le point sur la situation des droits humains des peuples autochtones, partout dans le monde.
Au Canada, communautés autochtones et associations entendent dénoncer la "lenteur exaspérante du gouvernement canadien", auprès du rapporteur spécialisé de l’ONU. La visite tombe à pic d’après elles, puisque le gouvernement fédéral doit rendre dans les prochains mois un plan d’action pour appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones.
Droits des peuples autochtones
Sipi Flamand, chef de la communauté Atikamekw de Manawan au Québec, espère que le processus va enfin s’accélérer : cela fait sept ans que le gouvernement canadien s'est, en effet, engagé à respecter la Déclaration. "Il y en a marre de devoir aborder les mêmes questions d’année en année. C'est un enjeu majeur auquel il faut apporter des changements", dénonce le représentant atikamekw qui pointe du doigt le Québec, à la traîne comparé à d’autres provinces.
“Les communautés les plus à l’Ouest sont dans une autre perspective, développe Sipi Flamand. Par exemple, le gouvernement de la Colombie-Britannique a adopté la déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones, et, entre autres, au niveau de l’éducation, ils ont adopté des politiques qui intègrent l'histoire et les cultures autochtones dans leur curriculum. Alors qu’au Québec, on est loin d’atteindre ça."
Il existe déjà un article dans la constitution canadienne qui reconnaît les droits autochtones, mais d’après Sipi Flamand, “il n’est pas appliqué en pratique”.
"La reconnaissance est un élément fondamental"
L’un des sujets sur lequel il y a le plus d’attentes au Canada, c’est la reconnaissance du racisme et des discriminations systémiques, indique Marjolaine Etienne, présidente de l’association Femmes Autochtones du Québec : "Quand on reconnaît, il y a une volonté de vouloir avancer. La reconnaissance est un élément fondamental", plaide-t-elle.
Et notamment pour les femmes autochtones, selon Marjolaine Etienne : "Ma grande préoccupation en ce moment-ci, c’est l'avenir des jeunes, des jeunes femmes et des jeunes filles. Il faut qu'il y ait une reconnaissance du rôle des femmes des Premières nations et les responsabilités qu’elles ont en matière de transmission des valeurs culturelles et aussi de la langue.”
La présidente de l’association affirme qu’il y a encore "beaucoup de travail à faire en matière d’éducation et de sensibilisation" sur les peuples autochtones. Elle attend donc des outils et des moyens pour avancer dans la reconnaissance des droits autochtones. Le rapporteur spécialisé de l’ONU rendra ses premières conclusions vendredi 10 mars, avant de faire un rapport détaillé dans quelques mois.
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