Guerre en Ukraine : au Japon, le boom des exportations de voitures d'occasion vers la Russie
Pour contourner les sanctions internationales, de plus en plus de Russes achètent des véhicules de marque japonaise qu'ils importent par le port de Vladivostok notamment. Les modèles de luxe servent même de placement financier. Reportage.
Au Japon, pays réputé pour ses voitures, les marques Toyota, Nissan ou Honda ont la cote sur le marché de l’occasion à l’export, vers la Russie notamment. Dans le nord-ouest du pays, dans le département de Toyama, près des ports, s'étirent d’immenses parkings le long de la route sur plusieurs kilomètres où sont exposés des véhicules d’occasion, des voitures de tourisme - y compris des modèles de luxe - mais aussi des camions, des camping-cars ou des tracteurs et même des chariots élévateurs.
Des préfabriqués servent de bureau à des marchands, tous Pakistanais installés de longue date au Japon. Ali raconte par exemple comment il exporte des véhicules partout mais surtout vers Vladivostok, sur la côte pacifique de la Russie, à seulement trois jours de bateau : "La Russie est la première destination, on vend deux fois plus qu’avant. C’est parce que les exportations de voitures neuves du Japon sont stoppées. Idem pour l’Europe. Et comme tous les constructeurs japonais ont fermé leurs usines et leurs concessions en Russie, eh bien le seul moyen pour les Russes de se procurer une voiture japonaise, ce sont les modèles d’occasion très prisés d’ailleurs car très bien entretenus."
"Une voiture japonaise comme un placement"
Les sanctions économiques qui visent la Russie en représailles à la guerre en Ukraine n'empêchent pas la vente de voitures d'occasion. À condition de ne pas vendre de modèles à plus de six millions de yens (42 000 euros) l’unité, ce qui laisse de la marge pour monter jusqu’à un 4x4 hybride par exemple ou même un modèle de luxe qui a quelques années. Selon Ali, pour les acheteurs russes, c’est plus sûr que du liquide sur un compte en banque dans un pays en guerre : "Ceux qui ont de l’argent achètent une voiture japonaise comme un placement. Qu’ils roulent avec ou non, peu importe, dans six mois ou un an il est possible de la revendre plus cher."
Ceci dit, le commerce des voitures d’occasion vers la Russie est si florissant avec près de 18 000 véhicules exportés par mois que l’Etat japonais risque de regarder les choses de plus près, ajoute le vendeur : "On voudrait que ça dure mais on est quand même inquiets, si la loi change ça peut s’arrêter du jour au lendemain. Je pense que les règles vont devenir plus sévères." En attendant, les marchands pakistanais se refont une santé après avoir durement souffert de la crise du Covid-19.
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