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Football: au Mexique, la violence entre supporters gagne les stades et inquiète avant le Mondial 2026

Des violences ont éclaté samedi 5 mars dans les tribunes du stade de Querétaro, pendant un match de championnat. Au total, 26 personnes ont été hospitalisées. Des dérives qui posent question, alors que le Mexique sera co-organisateur de la Coupe du monde de football en 2026.

Article rédigé par franceinfo - Emmanuelle Steels
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des supporters d'Atlas se battent avec des supporters de Queretaro lors du match de football du tournoi de clôture mexicain entre Queretaro et Atlas au stade Corregidora de Queretaro, au Mexique, le 5 mars 2022. (STR / AFP)

La société mexicaine a assisté en direct à ces bagarres féroces : samedi 5 mars, une bagarre géante s’est déclarée lors d’un match de première division du championnat à Querétaro, dans le centre du Mexique, entre les supporters de l’équipe locale et ceux de l’Atlas de Guadalajara. Les heurts ont causé 26 blessés, dont trois graves. Quatorze hommes ont été arrêtés pour leur participation à cette frénésie de violence. Les maigres mesures de sécurité dans le stade posent question, alors que le Mexique sera co-organisateur du Mondial de football 2026.

>> Football : ce qu'il faut savoir sur les violents affrontements entre supporters dans le championnat du Mexique, lors du match Querétaro-Atlas

La télévision a montré l’interruption du match à la 63e minute, lorsque la foule a fui les gradins et envahi le terrain pour se protéger des affrontements entre supporters ultras. Plusieurs joueurs ont aidé des familles de supporters à fuir par le couloir qui mène aux vestiaires. Mais ce sont surtout des spectateurs du match qui ont filmé de façon très détaillée les scènes de bagarres et les vidéos se sont rapidement propagées sur les réseaux sociaux. On y voit des supporters de Querétaro déshabiller et rouer de coups de pied ou de coups de barres de fer ceux de l’équipe adverse, recroquevillés au sol. Certaines victimes sont totalement inertes. La bestialité de ces violences a d’ailleurs poussé plusieurs médias à remettre en doute le bilan officiel, qui ne fait état d’aucun mort.

Une rencontre pourtant jugée à haut risque

La rencontre avait été jugée à haut risque et pourtant les mesures de sécurité étaient maigres, ce qui est totalement anormal puisqu’habituellement les matchs du championnat mexicain sont accompagnés de mesures de sécurité importantes, et ce malgré le fait que les bagarres entre supporters sont moins courantes que dans d’autres pays. On écoute à ce sujet Diego Mancera, journaliste sportif, qui décrit l’ambiance du football au Mexique.

"Ici, c'est un spectacle familial : les supporters de l'America et de Las Chivas, les deux grands rivaux du championnat, ont toujours pu cohabiter pacifiquement dans les tribunes. Ce qui, par exemple, n'est pas possible en Argentine entre ceux de Boca et River."

Diego Mancera

à franceinfo

Les supporters de l’América et de Las Chivas, qui sont les deux grands rivaux du championnat, ont toujours pu cohabiter pacifiquement dans les tribunes. Ce qui par exemple n’est pas possible en Argentine, entre les supporters de Boca et River. Le problème est qu’à Querétaro, l’entreprise privée qui devait assurer la sécurité du match n’a pas déployé le nombre d’agents auquel elle s’était engagée et ceux qui étaient présents n’ont rien fait pour empêcher les violences.

Ces événements pourraient-ils pour autant compromettre la tenue du Mondial 2026 au Mexique, qui sera co-organisateur avec les Etats-Unis et le Canada ? La Fédération mexicaine de football a dû appliquer des sanctions, c’était l’exigence de la Fifa pour ne pas remettre en cause le Mondial 2026. Toute la direction du club de Querétaro a été exclue de la fédération mexicaine : le club devra être vendu et il jouera sans public pendant un an, alors que les supporters les plus radicaux seront bannis à vie des stades. Mais ce n’est pas le seul écueil du Mexique sur la route du Mondial, selon Diego Mancera.

"C’est une secousse pour le Mexique qui a déjà son lot de problèmes avec la Fifa. Il y a l’épineux dossier du cri homophobe des supporters, que la Fifa sanctionne depuis 2014."

Diego Mancera

à franceinfo

"Le Mexique traîne ses casseroles, et si on ajoute la violence, sa réputation s’en trouve encore plus ternie, mais pas au point de lui enlever le Mondial" conclut Diego Mancera. Le cri homophobe lancé par les supporters mexicains lorsque le gardien adverse s’apprêter à dégager le ballon a déjà valu au Mexique près d’une vingtaine de sanctions de la part de la Fifa, qu’il s’agisse d’amendes ou de stades fermés au public.

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