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En Suisse, la question de l'euthanasie a déjà été tranchée

Alors qu'en France, la loi sur la fin de vie libre et choisie est examinée jeudi 8 avril à l'Assemblée Nationale, l'euthanasie est déjà légale de l'autre côté des Alpes. 

Article rédigé par franceinfo - Jérémie Lanche
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La loi sur la fin de vie libre et choisie doit être examinée jeudi 8 avril par les députés. Photo d'illustration. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

La loi sur la fin de vie libre et choisie sera t-elle votée jeudi 8 avril en France ? Rien n'est moins sûr puisque plusieurs députés LR entendent bien jouer l'obstruction parlementaire pour s'opposer à la création d'un droit à mourir pour les personnes atteintes d'un mal incurable, comme le demande le texte soutenu par plus de 270 députés de tous bords. L'euthanasie est déjà pourtant déjà autorisée dans plusieurs pays européens, dont la Suisse.

Béatrice Deslarzes a, par exemple, milité pendant 40 ans pour que les Suisses bénéficient d'un droit à mourir. En 1982, elle co-fonde Exit, une association qui propose une aide au suicide. À l'époque, Béatrice Deslarzes est médecin ORL et dénonce l'acharnement thérapeutique de la part de certains de ses collègues envers des patients en fin de vie. À 83 ans, elle vient de déposer sa demande de suicide assisté.

J'ai toujours pensé qu'on avait le choix de partir quand on voulait. Il y'a des gens qui veulent partir et d'autres non, qui veulent aller jusqu'au bout, passer par les soins palliatifs. Il faut laisser le choix aux gens.

Béatrice Deslarzes, co-fondatrice de l'association Exit

à franceinfo


Béatrice Deslarzes se retrouve dans la situation qu'elle décrit : elle souffre de plusieurs pathologies et vit sous la menace d'un grave œdème pulmonaire. Elle assure pour le moment ne pas avoir déjà arrêté le jour de sa mort, préférant se concentrer sur sa prochaine sortie, si elle s'en sent capable, au Salève, la montagne qui surplombe Genève. Un endroit où elle s'est toujours promenée avec son mari. Ses proches d'ailleurs comprennent son choix. "Ils ne sont pas tellement contents, ils aimeraient que je reste encore, mais ils acceptent parfaitement bien ma décision", poursuit l'octogénaire. 

Et la décision de faire appel au suicide assisté n'est pas encore définitive, Béatrice Deslarzes se dit prête à changer d'avis : "Oui complètement, iI y a des gens qui ont renoncé à la dernière minute. Mais je suis à peu près sur que je partirai avec Exit". 

Peu de critères nécessaires à la demande

Il existe en Suisse assez peu de critères pour demander une aide au suicide. Il faut être capable de discernement, pouvoir s'administrer la dose de poison seul et ne pas le faire sous l'influence de quelqu'un qui aurait un intérêt égoïste dans la mort du demandeur. Il faut également bien sûr être malade, mais sur ce dernier point, certains en Suisse voudraient aller plus loin. C'est le cas du Dr Erika Preisig, elle est à la tête d'une autre association d'aide au suicide, lifecircle. 

Tout le monde a le droit de faire un suicide non assisté quand il veut. C'est une tragédie humaine. C'est uniquement la personne qui est malade ou qui veut mourir qui peut décider si sa souffrance est insupportable.

Dr Erika Preisig, présidente de lifecircle

à franceinfo

Cet aspect est encore très controversé. Le Dr Preisig a d'ailleurs été poursuivie pour avoir délivré des barbituriques à une personne qui souffrait de troubles psychique. Elle a échappé de justesse a une condamnation pour homicide.

Dans une autre affaire, un médecin a été condamné pour avoir aidé une patiente en bonne santé à mourir avec son mari malade. Ces cas très polémiques sont toutefois assez rares, dans une pratique elle même très minoritaire. Le suicide assisté représente 1,5 % de tous les décès en Suisse ; un chiffre en lente mais constante augmentation.

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