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En Suisse, deux poids lourds roulent à l'électricité, une première mondiale

Deux poids lourds entièrement propulsés à l'électricité circulent sur les routes suisses depuis la mi-octobre. Une révolution qui reste pour l'instant marginale.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un camion électrique au salon Solutrans, le 16 novembre 2021, à Chassieu, près de Lyon (Rhône). (RICHARD MOUILLAUD / MAXPPP)

En Suisse, les poids lourds roulent désormais à l'électricité, une première mondiale. Depuis le 14 octobre, deux camions parcourent les routes du pays, entièrement propulsés à l'électricité. Jamais des camions aussi lourds - 40 tonnes - et aussi puissants n'avaient été construits. De tels modèles étaient jusqu'ici cantonnés aux salons automobiles, sans vraiment lancer la production. 

Ce modèle de camion, déjà opérationnel, est un poids lourd classique, auquel on a retiré le moteur diesel pour installer quatre batteries électriques de 900 kW/h. C'est suffisant pour faire 900 kilomètres à vide et 500 kilomètres avec une charge utile de 21 tonnes. Neuf heures suffisent pour le recharger et sa durée de vie est de dix ans, sur 1 million de kilomètres. Il n'a donc rien à envier aux camions à moteur thermique.

Cela pose en revanche la question du coût et de la rentabilité d'un tel équipement. "La vraie différence par rapport à un camion standard est le coup d'investissement au départ, de l'ordre de six à sept fois plus élevé qu'un camion habituel", explique Clément Friderici, le patron de Friderici Special, l'une des deux entreprises suisses qui ont acheté ce camion révolutionnaire. Malgré ce surcoût, l'opération reste rentable selon lui. "En Suisse, on a ce qu'on appelle la redevance poids lourds, liée aux prestations. Cela coûte 1 franc par kilomètre parcouru par notre camion. Un véhicule à énergie alternative - comme l'électricité - ne paie plus cette taxe. Avec cette avantage, un modèle économique redevient donc possible."

Greenwashing ou prise de conscience ?

Au vu du coût de chaque camion, on imagine mal que tous les camions suisses se transforment en camions électriques du jour au lendemain. D'ailleurs, pour l'instant, l'entreprise Friderici ne possède qu'un camion électrique, contre 69 véhicules thermiques. Cependant, son patron l'assure : il ne s'agit pas de greenwashing, d'un argument de vente, mais d'une prise de conscience. "Le greenwashing n'est pas possible pour nous sur ce véhicule parce que l'investissement est tel qu'on est vraiment dans la prospection de nouvelles solutions."

Pour Clément Friderici, la mise au point de ces camions ouvre une nouvelle perspective. "Quand un de mes camions brûle un litre de diesel, je sais qu'il est brûlé pour toujours. Aujourd'hui, une batterie est recyclée à environ 95%. Maintenant qu'on voit que c'est faisable, je pense que la vitesse à laquelle va aller le progrès sur ces véhicules va être impressionnante." L'impact environnemental de ce camion électrique n'est d'ailleurs pas négligeable puisqu'il va permettre d'économiser 141 tonnes de CO2 chaque année, soit 141 aller-retours Paris-New York en avion.

Reste bien sûr la question des batteries et de leur recyclage. On sait qu'elles consomment des terres rares mais, au bout de dix ans, elles pourront servir à stocker de l'énergie. Clément Friderici espère même, à terme, pouvoir recharger son camion électrique uniquement grâce à de l'électricité produite par des panneaux photovoltaïques.

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