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En Russie, les manifestations de soutien à l’ex-gouverneur d’Extrême-Orient Sergueï Fourgal s’intensifient

L’arrestation de cet opposant charismatique à Vladimir Poutine a provoqué la colère des électeurs qui s’estiment floués. Pour le 22e jour consécutif, une dizaine de milliers de manifestants a battu le pavé samedi à Khabarovsk, une ville frontalière de la Chine, distante de 6 000 kilomètres de Moscou.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Didier Revoin, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des milliers de manifestants d'Extrême-Orient protestent contre l'arrestation de leur gouverneur samedi 1er août à Khabarovsk (Russie). (ALEKSANDR YANYSHEV / AFP)

Des milliers d’habitants d’Extrême-Orient manifestent depuis l’arrestation de leur gouverneur le 9 juillet dernier. Selon la justice russe, Sergueï Fourgal serait impliqué dans une affaire de meurtre, ce qu'il dément. Et le mouvement de contestation ne faiblit pas malgré la nomination d’un nouveau gouverneur par le Kremlin. Des interpellations ont même eu lieu samedi 1er août à Moscou.

Un mouvement qui gagne de l’ampleur

La contestation a gagné d’autres villes et régions du pays. Mais dans des proportions beaucoup plus modestes qu’en Extrême-Orient. Sergueï Fourgal est un membre du parti nationaliste. Il s’était présenté contre le candidat de Russie unie, le parti qui soutient Vladimir Poutine, et l’avait emporté avec 70% des suffrages lors des régionales de 2018. Avec son arrestation, les habitants ont l’impression de s’être fait confisquer leur vote. Selon Denis Volkov, directeur adjoint de l’Institut de sondages Levada, le pouvoir a commis une faute en arrêtant ce gouverneur charismatique et proche de ses électeurs. "La situation est sérieuse. Mais je ne peux pas dire que c’est vraiment dangereux, explique-t-il. C’était bien sûr une erreur, au sens politique. S’il n’avait pas été arrêté, rien de tout cela ne serait arrivé."

Un contexte social et économique tendu

Ce qui frappe, c’est qu’on assiste depuis 22 jours à des manifestations non autorisées, dont les chaînes de télé ne parlent pratiquement pas. Si quelques personnes ont été arrêtées ces derniers jours, on est loin des milliers d’arrestations opérées l’été dernier à Moscou lors du mouvement de contestation qui avait marqué les élections locales. Mais tout cela démontre une certaine irritation des régions russes éloignées de la capitale. Elles ont l’impression d’être traitées par Moscou comme quantité négligeable.

"On ne sait pas pourquoi il a été incarcéré, précise Denis Volkov. Pour des motivations politiques, des motivations économiques ou simplement pour faire respecter la loi ?" Mais en fin de compte, ce n’est pas important, estime l'analyste. "Aussi longtemps qu’il n’y aura pas de nette amélioration du niveau de vie, de la stabilité économique" la Russie "ne sortira pas de cette situation et cela va se répéter encore et encore", prédit-il. Denis Volkov s’appuie notamment sur un sondage récent qui montre que près de la moitié des Russes qui sont au courant de ces manifestations les accueillent positivement et que 29% participeraient à de tels rassemblements s’ils se déroulaient dans leur région.

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