En Pologne, pourquoi la forêt vierge de Białowieża arrive-t-elle devant la Cour de justice européenne ?
La forêt primaire protégée de Białowieża, en Pologne, est au cœur d'un conflit entre l'Union européenne et le gouvernement polonais, en raison d'abattages massifs, maintenant stoppés.
La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), dont le siège se trouve à Luxembourg, se penche une nouvelle fois, mardi 20 février, sur les coupes d’arbres dans la forêt vierge de Białowieża, en Pologne. Le gouvernement polonais est accusé de procéder à des coupes massives illégales, mais la situation semble apaisée.
Avec sa faune et sa flore exceptionnelles, cette forêt vierge est un trésor pour les scientifiques. Ces 125 000 hectares sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Mais, en mars 2016, l’ancien ministre de l’Environnement polonais, Jan Szyszko, avait donné son feu vert pour y exploiter le bois. Les raisons invoquées ? Une invasion d’insectes xylophages (mangeurs de bois) dans les épicéas, mais aussi la nécessité d’assurer la sécurité des routes avoisinantes et des promeneurs. Ces arguments sont contestés par les écologistes qui y voient juste des fins commerciales.
Les coupes massives ont cessé
Durant l'été 2017, l’UE a ordonné l’arrêt des coupes et a saisi la Cour de justice de l'UE : en novembre, celle-ci a menacé le pays d’une astreinte de 100 000 euros par jour, si elle ne cessait pas immédiatement l’abattage d’arbres dans la forêt. Cet argument semble avoir convaincu Varsovie : les coupes massives ont cessé depuis le 20 novembre, selon l'ONG Greenpeace. Les "harvester", ces grosses machines qui découpent un arbre en petits morceaux en quelques dizaines de secondes à peine, ont quitté la forêt de Białowieża. Seules des coupes à titre purement sécuritaire ont encore eu lieu la semaine dernière (20 000 m3 d'arbres depuis le 20 novembre dernier). La Commission européenne a annoncé qu’elle ne recommanderait pas à la CJUE de sanctionner financièrement la Pologne et ce, pour le plus grand soulagement de Varsovie.
Ne pas replanter
Au total, entre le 1er janvier et le 20 novembre 2017, les gardes forestiers polonais ont abattu 200 000 m3. D’après les écologistes, la dernière fois qu’on a abattu autant d’arbres en une année, c’était en 1988, soit avant la chute du communisme. Leur combat, désormais, est d’empêcher les gardes forestiers de replanter des arbres à l’endroit où ils ont coupé, sinon la forêt vierge deviendrait "une banale plantation de bois". Si ces endroits sont réellement protégés, la forêt devrait se régénérer elle-même dans quelques dizaines d’années.
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