En Pologne, Gdansk fête les trente ans de la chute du régime communiste en l’absence du gouvernement
Il y a 30 ans jour pour jour, la Pologne organisait ses premières élections libres. Trente ans plus tard, c’est à Gdansk, où la révolte a débuté, que se tiennent les festivités, en l'absence de l’exécutif polonais.
Il y a 30 ans jour pour jour, la Pologne organisait ses premières élections libres. Quelques mois avant la chute du mur de Berlin, les Polonais votaient pour la première fois, démocratiquement, et massivement, pour le syndicat Solidarnosc et son leader, Lech Walesa, précipitant ainsi la chute du régime communiste. Trente ans plus tard, c’est dans la ville de Gdansk, celle des chantiers navals où la révolte a débuté, que se tiennent les festivités, en l’absence du gouvernement et du parti au pouvoir.
Ultra-conservateurs contre libéraux
Les deux principaux partis politiques et leurs soutiens s’opposent en effet sur la manière de célébrer ces 30 ans. D’un côté, les libéraux, qui tiennent la mairie de Gdansk, et le Centre Solidarnosc, un gigantesque musée, là où se déroulent les principaux événements de cet anniversaire. De l’autre, les ultra-conservateurs du PiS, au pouvoir. Eux refusent d’être associés à cet événement, organisé par l’opposition. Ainsi, le Premier ministre polonais est venu lundi assister à une cérémonie qui se déroulait à quelques mètres seulement du Centre Solidarnosc, mais qui n’avait rien à voir avec les 30 ans des élections libres. La maire de Gdansk est allé à sa rencontre, l’invitant à participer à un débat, mais le Premier ministre l’a tout simplement ignoré.
L’exécutif considère que ces élections que l’on célèbre, celles de juin 1989, sont le fruit d’une conspiration. Le chef du parti PiS, en est convaincu: le pouvoir communiste a négocié en sous-main avec les leaders de l’époque de Solidarnosc, Lech Walesa notamment, permettant à ces derniers d’obtenir de bonnes positions dans des entreprises et en politique après la chute du régime. Pourquoi, dès lors, selon eux, célébrer ces élections si elles ont en fait trompé les Polonais ? Et puis, le gouvernement et le PiS ne sont pas appréciés à Gdansk, ville bastion de l’opposition, ouverte et multiculturelle. L’ancien maire, Pawel Adamowicz, avait lancé une politique d’accueil et d’aide aux migrants, soit l’exact contraire des idées nationalistes et conservatrices du parti au pouvoir.
En creux, la division de la société polonaise
Les anciens opposants, membres de Solidarnosc, ont des avis différents sur le parti au pouvoir, reflétant là la division de la société polonaise. Un ancien ministre interné dans les années 1980 pour s’être opposé aux communistes a ainsi par exemple l’impression que l’héritage de ce combat de Solidarnosc, soit tout ce qu’il a construit, est en train d’être détruit. Les attaques du PiS sur l’indépendance de la justice, l’État de droit, la reprise en main des médias publics, les discours de haine diffusés par ces derniers, sont dignes de la propagande communiste, selon lui. Voire pire. De l’autre côté, d’anciens militants de Solidarnosc soutiennent pour leur part le pouvoir. Selon eux, le PiS mène beaucoup de réformes sociales, allocations familiales pour tous par exemple. Ce que l’opposition libérale n’a jamais fait. Aussi, le syndicat ouvrier Solidarnosc, celui de Lech Walesa, soutient désormais le PiS, considérant que c’est ce parti qui poursuit l’héritage du combat entamé dans les années 1980 pour la solidarité.
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