Cet article date de plus de trois ans.

En Malaisie, le dernier Disney crée la polémique

Le nouveau Disney, "Raya et le dernier dragon", est disponible depuis une semaine sur la plateforme de streaming Disney Plus et au cinéma en Malaisie. Mais à Kuala Lumpur, ce film censé rendre hommage à l'Asie du Sud-Est provoque plus de questions que d'enthousiasme.

Article rédigé par franceinfo - Gabrielle Maréchaux. Edité par Frederic Wittner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Image extraite de la bande-annonce du film Disney "Raya et le dernier dragon"  (CAPTURE D'ECRAN / DISNEY)

Les deux scénaristes du film, issues de la diaspora d'Asie du Sud, se sont réjouies de pouvoir offrir à leurs pays d’origine une héroïne courageuse qui leur ressemble. Raté : à Kuala Lumpur, en Malaisie, ce nouveau film suscite le débat. 

Autour, surtout, de l'identité de Raya : cette héroïne évolue dans un monde imaginaire où vivent différentes tribus présentant des ressemblances avec certains cultures de la région. Ce grand mélange laisse certains dubitatifs, comme Erna Mahyuni, une éditorialiste du Malay Mail. Elle n’ira pas voir le film : "On ne sait pas quelles sont les références de ce film. Est-ce que Raya est cambodgienne ? Thaï ? Laotienne ? Malaisienne ?  Et je crois que c’est ce qui a agacé pas mal de personnes  en Asie du Sud-Est, c’est la façon dont Raya était présentée, elle est un méli-mélo de différentes cultures, et cela donne l’impression que pour Disney toutes les personnes d’Asie du Sud-Est sont interchangeables."

Ne nous demandez pas de nous identifier à elle si on ne sait même pas qui elle est !

Erna Mahyuni, éditorialiste malaisienne

à franceinfo

"Mais ce qui est drôle, poursuit la journaliste, c’est que la diaspora asiatique en Amérique apprécie ce film,  et ils ont une bonne raison de pour cela : presque toutes les doublures sont des acteurs d’origine asiatique. Mais à part pour le rôle principal, il s’agit de personnes qui viennent de Chine, de Corée... Je ne pense pas qu’on demanderait à quelqu’un d’Asie du Sud-Est d’être dans un film qui évoque la Chine, donc pourquoi l’inverse se fait-il ?

Sur Twitter, d’autres internautes pointent du doigt que dans beaucoup de pays d’Asie du Sud-Est, la plateforme Disney Plus n’est pas disponible, et qu’il sera donc impossible pour l’instant de voir ce film censé rendre hommage à leur culture. 

Le film soulève aussi des questions politiques

Une question simple se pose : y a-t-il un sentiment d’identité commune en Asie du Sud-Est ? Ces 670 millions de personnes qui parlent différentes langues, connaissent des régimes politiques ou militaires divers, pratiquent différentes religions, se pensent-ils comme une unité ? La réponse est non pour David Lim, professeur à l'Open University Malaysia, spécialiste de l’interprétation culturelle du cinéma sud-asiatique : "Je pense qu’il n’y a aucun film, documentaire, dessin animé ou Disney qui puisse représenter l’Asie du Sud-Est en général."

C'est une région extrêmement diverse, et il n’existe pas aujourd’hui d’identité d’Asie du Sud-Est aux contours bien définis.

David Lim, universitaire spécialiste du cinéma

à franceinfo

"Ceci étant dit, de bonnes choses peuvent émerger de ce film, qui suscite de l’intérêt. Et qui sait, il pourra peut-être motiver les habitants de cette région à s’intéresser aux cultures de leurs voisins, et peut-être aussi à s’interroger sur ce que l’Asie du Sud-Est est pour eux." 

Cet universitaire a, lui, vu Raya et le dernier dragon, qu’il considère comme un simple hommage aux cultures d’Asie du Sud-Est, qui pourra peut-être aussi attirer l’intérêt des Européens ou Américains sur cette région.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.