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En direct du monde. Un nouvel an lunaire moins festif à Hong Kong à cause de la disparition de petits restaurants.

Les Hongkongais ont l'habitude de fêter le passage du Nouvel an dans de petits restaurants installés dans les rues. Ces commerces sont en voie de disparition.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois, Alexis Morel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Ua "Dai  pai dong" qui pourrait fermer à Hong Kong. (RADIO FRANCE / EMMANUEL LANGLOIS)

Ce week-end se fête le Nouvel an lunaire. L'événement, célébré notamment à Hong Kong, se teinte de nostalgie cette année. Les petits restaurants, moins nombreux, seront regrettés. 

A Hong Kong, on appelle ces petits restaurants les "Dai pai dong". Ce sont de petits stands fumants et très odorants montés avec tables et tabourets en plastique, jetés à la hâte, à même le trottoir. Pour l'équivalent de quelques euros en dollars hongkongais, on s'y régale. Ces restaurants ambulants font vraiment le plein lors du Nouvel an chinois. L'ambiance est festive, on dîne dans la rue, en famille ou entre amis. Jusqu'à une époque assez récente, tous les autres restaurants étaient fermés pendant le Nouvel an chinois et l'habitude est restée. Mais il y en de moins en moins de "Dai pai dong", il en reste 25 aujourd'hui dans tout Hong Kong, alors qu'on en a compté jusqu'à 3 000. Chaque année, plusieurs de ces stands disparaissent.

Des conditions d'hygiène imposées

Les licences de ces petits restaurants ne peuvent pas être vendues mais seulement transmises à un membre de la famille du propriétaire. Beaucoup se sont donc éteintes naturellement, mais surtout, depuis l'an dernier, les autorités hongkongaises ont décidé de faire la chasse à ces chariots de plats préparés, au nom de l'hygiène et de propreté. Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et la grippe aviaire sont passés par là. À la place de leur étal crasseux, les autorités proposent aux restaurateurs d'investir dans des camionnettes, genre "Food trucks", au coût de plusieurs dizaines de milliers d'euros, mais personne n'en a les moyens.

La population accepte mal ces disparitions

L'an dernier, plusieurs propriétaires de "Dai pai dong" du quartier populaire de Mongkok ont été évacués sans ménagement par la police, pendant les festivités du Nouvel an. Aussitôt, sur les réseaux sociaux, des défenseurs se sont mobilisés et ils ont lancé la "Révolution des boulettes de poisson", du nom de ce qu'on sert dans ces bouis-bouis. Ils accusent en fait les autorités de sacrifier ces "Dai pai dong" au profit des malls, des centres commerciaux géants aseptisés.

Il faut dire que ces petits stands font partie de la culture et de l'identité de Hong Kong. Ils ont connu leur apogée dans les années 50, où on en trouvait à chaque coin de rue. Le problème, c'est que les manifestations ont rapidement été récupérées par des groupes de jeunes indépendantistes, nés ici dans les années 90, qui accusent le gouvernement hongkongais d'être sous la coupe de Pékin. 

Résultat : en février 2016, des échanges musclés ont eu lieu avec la police et 64 personnes ont été arrêtées. Cette année, les autorités devraient lever le pied, en tout cas pendant les fêtes du Nouvel an chinois ce week-end. Bizarrement, ce sont les touristes de passage qui pourraient sauver cette mémoire vivante de Hong Kong. Ces "Dai pai dong" sont devenus une attraction incontournable. Ils sont dans tous les guides, et du coup, le gouvernement pourrait les laisser ouverts.

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