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En direct du monde. La France a-t-elle vendu des armes à l'Afrique du Sud en plein apartheid ?

Un livre paru cet été en Afrique du Sud révèle des documents secrets des renseignements sud-africains pendant la période de l'apartheid. La France aurait vendu des armes à ce pays alors qu'il était sous embargo international.

Article rédigé par franceinfo - Noé Hochet-Bodin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Dans un livre, la France est accusée d'avoir vendu des armes à l'Afrique du Sud dans les années 1970 alors que le pays était sous embargo international. Ici, lors d'une manifestation anti-apartheid devant l'ambassade d'Afrique du Sud à Paris, en 1976. (AFP)

Un livre paru à l'été 2017 en Afrique du Sud révèle des documents secrets des renseignements sud-africains pendant la période de l'apartheid. Dans Apartheid, Guns and Money, A tale of profit (Jacana Media, 2017)l'auteur Hennie Van Vuuren évoque notamment dans un chapitre les liens étroits entre la France et le régime sud-africain de l'époque. Ainsi, la France aurait vendu des armes à ce pays alors qu'il était visé par un embargo international. 

Paris aurait joué un rôle dans la vente et la livraison d’armes au régime sud-africain, à la fin des années 1970, en plein apartheid. À cette période, l’Afrique du Sud est frappée par un embargo international. Aucun pays ne peut ni ne doit lui vendre des armes. Pourtant, l’ambassade d’Afrique du Sud à Paris, située à quelques encablures seulement du ministère des Affaires étrangères, va servir de principale plate-forme d’achat et de vente d’armes pour Pretoria. Une véritable armée de fonctionnaires sous couverture est dédiée à ce trafic illégal.

Paris, partenaire n°1 de ce trafic d'armes

L’ambassade était en fait un nid d’agents secrets puisque 30 bureaucrates y travaillaient en secret pour Armscor, l’organe d’État sud-africain chargé de l’armement. Leur rôle était d'acheter et d'acheminer les armes jusqu’en Afrique du Sud. D’après l‘auteur de ce livre, les services de renseignements français sont bien sûr au courant de l’existence de ce bureau et Paris aurait même été le partenaire numéro 1 de ce trafic. En pleine guerre froide, la France cherche à exporter son industrie militaire, c'est-à-dire ses bombes et ses missiles. C’est donc en quelque sorte l’offre qui rencontre la demande.

Un des documents relate d’ailleurs un voyage du ministre des Affaires étrangères sud-africain de l’époque dans le Bordelais. Entre deux dégustations de vin, il assiste à des tests de missiles français, fabriqués par le géant de l’armement Thomson-CSF, devenu aujourd’hui Thalès, qui seront ensuite vendus à l’Afrique du Sud. C’est justement à cause du géant de l’armement français que l’on reparle de ce dossier car Thalès a gardé des contacts avec le pouvoir sud-africain bien après l’apartheid.

Zuma soupçonné d'avoir touché des pots-de-vin

Ainsi, la semaine dernière, une décision de justice ouvrait la voie vers la réouverture de l’affaire des Spy Tapes, une saga judiciaire qui dure depuis plus de dix ans en Afrique du Sud. Elle vise principalement l’actuel président Jacob Zuma. En 1999, alors qu’il est vice-président du pays, Thalès signe un juteux contrat d’armement. Zuma est accusé d’avoir touché des pots-de-vin pour favoriser l’entreprise française. Thalès est encore aujourd’hui un sujet sensible en Afrique du Sud. L’actuel ambassadeur de France est d’ailleurs un ancien cadre de l’entreprise. L’an dernier, sa nomination a pris plus de temps que prévue.

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