Des Américains opposés au président Donald Trump aimeraient le voir destitué parce qu'il serait mentalement instable. Un tel cas est arrivé en Equateur il y a exactement 20 ans. En 1996, le président était démis de ses fonctions pour des raisons psychologiques. Il s’agissait d’Abdala Bucaram.En août de cette année-là, Abdala gagne les élections présidentielles. Il ne restera que six mois au pouvoir. Mais six mois que l’on n’oubliera pas facilement. Il s’installe dans un hôtel sous prétexte qu’il y a des fantômes dans le palais présidentiel. Il met sa moustache genre Hitler aux enchères pour les enfants pauvres, il fait cadeau de son salaire, etc. Il disait à juste titre que la presse internationale n’avait jamais autant parlé de l’Equateur, ce qui était vrai mais pas vraiment pour de bonnes raisons…La folie pour expliquer une présidence qui dérapeD'abord une annonce de choc économique, des scandales de corruption de plus en plus nombreux mais aussi un manque de décorum et d’élégance qui fait que les gens avaient honte de leur président. Le 6 janvier, des centaines de milliers de personnes manifestent à Quito. C’est le début de la fin. “La manifestation ne cherchait pas au début à le renverser mais à le forcer à changer d’attitude", raconte l’analyste politique José Julio Cisneros. "Lorsque les manifestants se sont arrêtés devant l’Assemblée, je crois que les députés ont vu une opportunité. Ils sont arrivés à la conclusion qu’Abdala Bucaram était une personne incapable mentalement de gouverner. Ils n’ont pas dit qu’il était fou, simplement qu’il ne pouvait pas gouverner. D’ailleurs aucun psychiatre n’a été convoqué pour examiner le président, aucun", poursuit-il.Les députés ont utilisé contre Abdala ses propres déclarations. Abdala lui-même se présentait comme "le fou". Il a enregistré un disque de musique qu’il offrait à ses homologues lors des réunions internationales qui s’appelait : 'Le Fou qui aime'José Julio Cisneros, analyste politiqueà franceinfoL'éviction d'Abdala Bucaram arrangeait tout le monde, partis politiques et population qui ont donc accepté la raison officielle d’incapacité mentale pour mettre fin à une présidence qui dérapait. C’est ensuite le président du Congrès qui a été nommé au lieu de la vice présidente qui aurait dû succéder à Abdala. Donald Trump inquiète les psychiatresCela pourrait-il arriver aux Etats-Unis ? Non, les institutions de Washington étant tout de même plus solides que les équatoriennes de l’époque. À l’époque de Barry Goldwater, en 1964, candidat à la présidence des États-Unis, beaucoup le considéraient comme mentalement instable , 1 189 psychiatres avaient mis en doute sa santé mentale et avaient été très critiqués. Leur association avait interdit qu’une opinion professionnelle soit rendue publique surtout de la part de docteurs qui n’avaient pas examiné un patient. C’était la règle Goldwater.Mais que des psychiatres aujourd’hui violent cette règle pour mettre en doute l’état de santé mentale de Donald Trump montre la polarisation de l’opinion publique américaine. Persuadé que Donald Trump "présente de sérieux problèmes mentaux qui l'empêchent de mener à bien ses fonctions de président des Etats-Unis", le docteur John D. Gartner, professeur de psychiatrie à l’université John Hopkins de Baltimore, a lancé début février une pétition en ligne pour demander la destitution de Donald Trump. Elle a déjà recueilli plus de 20 000 signatures. Senator Chuck Schumer: Trump is mentally ill and must be removed - Sign the Petition! https://t.co/FFPcSoC035 via @Change— John Gartner, Ph.D. (@johndgartner) 26 janvier 2017