En direct du monde. En Corée du Sud, les jeunes ne veulent plus se sacrifier pour leur travail
Les temps changent. Les Coréens ne sont plus des travailleurs invétérés. Ils adorent désormais une série TV et une BD qui prônent une certaine fainéantise.
Un feuilleton TV sur les affres de la vie au bureau rencontre un succès inattendu en Corée du Sud. Son titre : Directeur Kim. Ce succès est à mettre en parallèle avec celui d’une bande dessinée subversive intitulée C’est une allergie au travail. Dans un pays où tout sacrifier pour son emploi a longtemps été la norme, ces deux exemples témoignent d’un changement progressif d’attitude vis-à-vis du travail.
Les Coréens battent des records en matière d’horaires de travail, avec des journées interminables au bureau. Certaines grandes entreprises ont même des dortoirs où passer la nuit. Travailler le week-end est fréquent. Ces générations de Coréens qui ont tout sacrifié, ne prenant que quelques jours de congés par an, sont d’ailleurs la principale raison derrière la croissance économique spectaculaire du pays depuis cinq décennies. Aujourd’hui, la Corée du Sud est un pays développé et les jeunes générations, tolèrent de moins en moins bien ces horaires impossibles, ainsi que la culture d’entreprise traditionnelle, marquée par une très forte hiérarchie. Surtout que la précarité et le risque d’être de toute façon licencié ont beaucoup augmenté. Selon un récent sondage, 83 % se sentent déprimés sur le lieu de travail.
Ras-le-bol exprimé à travers la culture populaire
En ce moment, les feuilletons télés traitant de ce nouvel état d'esprit des jeunes coréens se muliplient. Le dernier en date est Directeur Kim, diffusé sur la chaîne nationale : l’histoire d’un employé qui a pour projet d’arnaquer son entreprise pour ensuite partir pour le Danemark et son Etat-providence. Les conditions de travail en Europe font en effet rêver beaucoup de Sud-Coréens, qui cherchent à s’expatrier.
Dans les librairies, c'est une bande dessinée plutôt subversive qui fait un carton. C’est une allergie au travail montre de jeunes employés souriant, actifs mais qui secrètement ne rêvent que de démissionner et de dire leurs quatre vérités à des patrons infects. Dans un long article sur le sujet, le quotidien Korea Times note aussi que se multiplient les livres qui racontent comment démissionner.
Les grosses entreprises ne font plus rêver
Les conglomérats tels que Samsung ou Hyundaï restent toujours les plus recherchés par les jeunes diplômés, en raison des salaires élevés et du prestige social attaché à ces emplois. Mais ces grands groupes font de moins en moins rêver : bon nombre de jeunes diplômés préfèrent être leur propre patron. On observe ainsi un extraordinaire boom des start-up depuis quelques années : créer son entreprise est devenu à la mode, alors que c’était un choix plutôt mal vu autrefois. Une chef de PME a dit qu’elle voyait arriver des candidats à l’embauche qui refusent de "devenir des soldats pour les conglomérats" et qui privilégient la qualité du travail et l’équilibre vie privée - vie professionnelle, ce qui, selon elle, "n’existait pas il y a 10 ans."
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