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En direct du monde. Au Chili, les habitants s'indignent du prix faramineux des avocats

Comme un Chilien mange chaque année en moyenne quatre fois plus d'avocat qu'un européen, le prix du fruit, comparé à un produit de luxe, fait l’objet de toutes les attentions.

Article rédigé par franceinfo, Justine Fontaine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Faute d'eau, certains agriculteurs locaux ont perdu leurs arbres et se sont tournés vers d'autres cultures. (CLAUDIO REYES / AFP)

Même les hot-dog, très consommés ici, sont traditionnellement recouverts d'une bonne dose de purée d'avocat. Pour vous donner une idée, un Chilien mange chaque année en moyenne quatre fois plus d'avocat qu'un Européen. Aussi, tout le monde scrute les prix en ce moment et les blagues qui comparent le fruit à un produit de luxe se multiplient sur internet. Cette semaine, un grand magasin a même affiché le prix de certains téléphones portables ou produits d'électroménager avec leur équivalent en avocats : un smartphone dernière génération vaut donc par exemple 200 000 pesos chiliens sur son site internet, 250 euros environ, soit 58 kilos d'avocats.

Ce n’est pas la saison

Pourquoi ce fruit est-il si cher sur place, là où il est cultivé ? Il y a plusieurs explications. La plus évidente, c'est qu'en ce moment, ce n'est pas la saison au Chili : la récolte est prévue seulement à partir du mois d'août, et dans le pays voisin, au Pérou, la saison n'a pas encore commencé non plus, alors qu’à cette période, les Chiliens s'approvisionnent dans ce pays. Autre explication : la sécheresse. Les régions où est cultivée la palta, c'est le nom qu'on donne à l'avocat au Chili, sont en manque d'eau. Au point que certains agriculteurs locaux ont perdu leurs arbres et se sont tournés vers d'autres cultures. Par ailleurs, la demande a énormément augmenté à l’étranger. Résultat, les agriculteurs qui subsistent, généralement de grands producteurs, préfèrent souvent exporter, plutôt que de vendre sur le marché chilien.

 

Ne restent que des palta de second choix

Certains Chiliens estiment ainsi que les meilleurs avocats partent à l'étranger, et qu'il ne reste ici que des palta de second choix, à des prix très élevés par rapport au salaire moyen, environ 700 euros par mois. Et puis certains exportateurs, pas tous, sont accusés d'épuiser les maigres ressources en eau de leur département. Une association locale fait par exemple campagne depuis des années pour dénoncer des entreprises liées à des hommes politiques chiliens, qu'elle accuse de détourner illégalement des cours d'eau et d'épuiser les nappes phréatiques du coin, alors que les petits agriculteurs et les habitants de la région ont recours à des camions citernes pour s'approvisionner, et doivent compter chaque litre d'eau qu'ils utilisent.

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