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En direct du monde. Au Pérou, une route menace les tribus d'indiens

Au Pérou, une route menace de couper les territoires de tribus d'indiens en isolement volontaire en pleine région amazonienne. Le projet fait polémique.

Article rédigé par franceinfo, Hervé Toutain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Ses opposants l'appelent déjà la "route de la mort" (LUIS ROBAYO / AFP)

Au Pérou une route menace de couper les territoires de tribus d'indiens en isolement volontaire en pleine région amazonienne. Ses opposants l’appellent déjà "La Route de la Mort". Il s’agit d’un projet de route de 270 km entre la petite ville amazonienne de Puerto Esperanza et la voie interocéanique qui relie le Pérou au Brésil. Puerto Esperanza est une agglomération isolée au milieu de la forêt amazonienne. On ne peut s’y rendre qu’en avion ou alors par le fleuve, mais cela prend du temps.

Les partisans de la route affirment que la ville a besoin de se désenclaver pour pouvoir se développer économiquement. Le problème, c’est que cette route traverserait la région amazonienne qui sépare le Pérou et le Brésil. Selon l’ONG Survival International, cette zone encore protégée abrite la concentration de tribus d’indiens en isolement volontaire la plus importante au monde.

Un impact néfaste sur leur mode de vie

L’impact des routes en Amazonie est facile à vérifier. Une route peut effectivement désenclaver une ville, permettre aux agriculteurs d’exporter plus facilement leur production mais les effets négatifs sont nombreux. Une route augmente le nombre de colons qui vont s’installer le long de la voie et commencer à construire des chemins secondaires qui vont s’enfoncer chaque fois plus dans la forêt. Tout cela va couper en deux le territoire des indiens non contactés qui ne pourront plus traverser alors que leur culture est nomade. Une route multiplie aussi tous les trafics, notamment de bois précieux sans oublier les chercheurs d’or illégaux qui provoquent partout de véritables désastres écologiques, notamment dans la région péruvienne de Madre de Dios.

Un projet initié dans l'illégalité

Deux personnes soutiennent ce projet depuis des années. Un député local Carlos Tubino et un curé italien, le père Miguel Piovesan qui a déjà dans le passé parlé des indiens en isolement volontaire comme de personnes "préhistoriques". Le père Piovesan est également connu pour critiquer toutes les ONG internationales opposées au projet de construction de cette route dans une région extrêmement riche en faune et en flore mais également très fragile. Ce projet a déjà été rejeté en 2012 par le Congrès péruvien mais la construction de la voie a continué illégalement. Aujourd’hui, ses promoteurs profitent des récentes élections générales pour représenter le projet. Les fujimoristes ont en effet la majorité dans la nouvelle assemblée et leur leader Keiko Fujimori s’est montrée, lors de la campagne électorale, plutôt favorable aux intérêts des mineurs informels.

L’ONG Survival International qui se spécialise dans la défense des indiens en isolement volontaire a demandé l’intervention des Nations unies. Elle a également demandé au gouvernement du nouveau président Pedro Pablo Kuczynski de mettre son veto à ce projet, si jamais il était approuvé par le Congrès.

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